|
|
|
« La leçon d'ornithographe » |
Dessins de G. Chevalier. |
|
Prenez vos plus belles plumes et, attention, la dictée sera corrigée par Mme la Rectrice.
La venue du Cirque Aète
Puis le spectacle commença au quatrième biotope. Un carrousel où un aigle botté fit évoluer aux claquements de son martinet une série de chevaliers. Puis vint un agrobate roux sur deux échasses blanches. Les fuligules enchaînèrent sur la corde raide. Le public applaudit. Le Grand Duc honorait de sa présence cette manifestation où paraissaient également quelques hobereaux, des chardonnerets élégants, des pluviers argentés, des cochevis, des harles et des vanneaux… huppés. Sinon, le reste de l'assistance était plutôt pouillot. Une effraie traversa la piste en jonglant avec des pelotes de réjection pendant qu'un butor étoilé scintillant sous les projecteurs annonçait la suite du programme : un grimpereau au cordage américain salué par l'orchestre tambourinant des pics et du tétras lyre. La partie music-hall présentait une hypolaïs polyglotte, une linotte mélodieuse et un pouillot siffleur. À l'entracte, chacun alla faire son pipit et visita la galerie des phénomènes où se tenaient, derrière une baie vitrée, un blongios nain, une fauvette mélanocéphale, une mésange à moustaches, une mouette pygmée. La ménagerie sous l'œil vigilant du héron garde-bœufs lui faisait suite.
Le duo désopilant d'une bondrée et d'un guêpier aux prises avec un attrape-mouches fit rire le public à rouge-gorge déployée. Enfin, une parade générale mit fin au spectacle et le public ravi se dirigeait vers la sortie lorsque deux gangas (prononcer à la martiniquaise) profitèrent d'une bousculade pour créer un beau chahut (ant) prenant à partie un couple insignifiant. Lui, pauvre pâtre complètement traquet au milieu de cette foule; elle, une bergère honnête, s'entendit traiter de « macreuse » par un goéland railleur.
Cette histoire est évidemment l'œuvre d'un fou… de Bassan, bien entendu ! |
|
|
|
|