Classe des Batraciens

Les Batraciens ont quatre membres, le sang froid, la peau nue, les mâchoires armées ou non de très petites dents ; ils n'ont pas d'ongles. Ils sont ovipares où ovovivipares. Les œufs ou les petits sont déposés dans l'eau.

Les jeunes Batraciens subissent des métamorphoses ; ils vivent dans l'eau et respirent au moyen de branchies pendant les premiers temps de leur existence, lorsqu'ils sont à l'état larvaire ; ils prennent peu à peu les formes de leurs parents et sortent de l'eau lorsque leurs poumons sont formés et leurs branchies atrophiées.

Tableau indiquant la distribution géographique, par espèces,
des 17 Batraciens observés dans les départements de la France centrale

Espèces

Indre

Vienne

Haute-
Vienne

Indre-
et-
Loire

Loir-
et-
Cher

Cher

Creuse

Corrèze

Puy-
de-
Dôme

Allier

Nièvre

1. Rainette verte

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2. Grenouille verte

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3. Grenouille rousse

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4. Grenouille agile

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5. Crapaud commun

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6. Crapaud calamite

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6 bis. Pélobate brun

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7. Pélodyte ponctué

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8. Sonneur à pieds épais

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9. Alyte accoucheur

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9 bis. Discoglosse à oreilles

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10. Salamandre tachetée

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11. Triton crêté

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12. Triton marbré

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13. Triton ponctué

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14. Triton palmé

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14 bis. Triton alpestre

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Ordre I. — Anoures

Les Anoures n'ont pas de queue après l'état larvaire.

Ces Batraciens ont la tête assez large, les yeux gros, proéminents et munis de paupières plus ou moins mobiles ; ils n'ont pas de cou. Leur corps est trapu ; leurs membres antérieurs sont plus courts que leurs membres postérieurs. Leur peau est plus ou moins couverte de tubercules, suivant les genres, et sécrète un poison violent pour la plupart des animaux. C'est par leur peau, très perméable, que s'introduit l'eau nécessaire à leur existence. Ils changent souvent d'épiderme et parfois avalent leur défroque.

À l'époque de l'accouplement, les mâles vont à l'eau et font entendre leur chant ; les femelles se rendent à cet appel. Le mâle saisit sa compagne aux lombes ou se hisse sur son dos et s'y maintient au moyen de ses bras gros et forts et des brosses copulatrices qui ornent ses membres antérieurs au moment du rut ; il n'a pas d'organe externe et féconde les œufs au passage, au moment où ils sortent de la femelle. Chaque espèce a sa façon de s'accoupler. Les œufs sont entourés d'une enveloppe albumineuse nutritive et protectrice qui gonfle dans l'eau et devient très épaisse. L'embryon se forme plus ou moins vite selon les espèces et selon la température, enfin lorsque le petit Têtard sort de l'œuf, il est encore dans un état assez rudimentaire. Au bout de quelques jours, les yeux, la bouche, les branchies externes, les viscères, l'anus se forment ; puis les branchies externes se rétractent, la peau les recouvre et elles deviennent internes. L'eau entre par la bouche dans la chambre branchiale, prend contact avec les branchies et sort par l'ouverture du spiraculum. Alors le petit animal a la forme d'une boule un peu allongée et terminée par une queue qui lui sert de nageoire ; c'est la première période. Puis commence la deuxième période ; le Têtard mange les algues, les débris de végétaux ou d'animaux au moyen du bec corné et des lames pectinées qui arment sa petite bouche ; il devient actif, vigoureux, et grossit de jour en jour. Arrive la troisième période : sur les côtés du corps, non loin de l'anus, se montrent deux bourgeons qui se développent très lentement et représentent peu à peu des membres minuscules terminés par de petites proéminences qui formeront les orteils ; puis les cuisses, les jambes, les orteils allongent et grossissent à l'extérieur, pendant que les membres antérieurs se développent sous la peau. À force de secouer les coudes, le Têtard déchire la peau de son corps et livre ainsi passage à un de ses membres antérieurs ; c'est le début de la quatrième période. Peu de temps après, le second membre sort à son tour et la Larve est à la quatrième période. Mais bientôt les lames pectinées et le bec corné de sa petite bouche tombent et le Têtard ne prend presque plus de nourriture ; il semble vivre aux dépens de sa queue qui se résorbe de plus en plus, pendant que la grande bouche de l'état parfait se forme et s'ouvre. Les branchies s'atrophient, les poumons achèvent de se développer, les paupières se forment et le petit animal, qui a besoin d'air, vient souvent respirer à la surface du liquide et finit même par vivre sur les plantes aquatiques flottant sur l'eau. Il prend de plus en plus la forme de ses parents et ne tarde pas à sortir de la mare, presque toujours porteur d'un petit bout de queue qui disparaît bientôt. Le jeune Batracien, arrivé à l'état parfait, se nourrira désormais de proies vivantes, mais grandira lentement, car ce ne sera guère que vers sa troisième ou sa quatrième année qu'il sera en état de se reproduire, même avant d'avoir atteint toute sa taille.

Un seul Anoure, l'Alyte, fait exception à la règle commune. Il s'accouple à terre, fixe les œufs de sa femelle à ses membres postérieurs et les garde ainsi pendant plusieurs semaines ; puis il va les porter dans une mare, et lorsque les petits sortent de l'œuf, ils sont à la deuxième période et même à la troisième, car on voit les bourgeons des membres postérieurs. L'œuf de cette espèce a une enveloppe molle mais résistante et n'est pas entouré de glaire.

La fécondité des Batraciens anoures est très grande. D'après les travaux de notre savant et regretté ami M. Héron-Royer, la Rainette pond environ 1 000 œufs chaque année ; la Grenouille verte en pond 10 000 ; la Rousse, 2 000 à 4 000 ; l'Agile, 600 à 1200 ; le Crapaud commun, 4 000 à 6 000 ; le Calamite, 3 000 à 4 000 ; le Pélobate brun, 1 200 ; le Pélodyte, 1 000 à 1 600 ; l'Alyte, 90 environ ; le Sonneur, d'après M. Rœsel, en pond 250 ou 300. Les œufs des Anoures sont souvent dévorés par quelques Urodèles ; nous avons vu une ponte d'Agile entièrement détruite en peu de jours par des Tritons palmés. Les Têtards sont mangés par les Couleuvres, les Tritons, les Insectes aquatiques et leurs Larves ; les Dytiques principalement sont pour eux des ennemis redoutables. Les Anoures adultes sont la proie des Couleuvres et de quelques Oiseaux ; enfin, ces Batraciens se dévorent entre eux : bien des fois nous avons vu les gros avaler les petits.

Ce sont des animaux très utiles en raison de l'énorme quantité d'Insectes nuisibles qu'ils détruisent ; ils doivent donc être protégés, car ce sont de précieux auxiliaires.

Les Anoures de l'Indre appartiennent tous au sous-ordre des Phanérogloses ; ils ont une langue charnue.

 


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