BATRACIENS ANOURES

Famille des Hylidés

GENRE RAINETTE, Hyla - Laurenti.

Museau court ; des dents très fines à la mâchoire supérieure et au vomer ; pas de parotides ; peau lisse en dessus, granuleuse en dessous ; quatre doigts aux membres antérieurs ; cinq orteils palmés aux membres postérieurs ; un disque formant ventouse à l'extrémité des doigts et des orteils ; membres postérieurs assez allongés.

Le mâle est un peu plus petit que la femelle ; il a un sac vocal externe formant des plis brunâtres sous la gorge ; au moment du rut, il porte une petite brosse copulatrice au pouce.

1. — Rainette verte, Hyla viridis - Duméril et Bibron.

Rainette verte, Hyla arborea

Parties supérieures d'un vert tendre ; parties inférieures blanches, légèrement jaunâtres sous les membres et l'abdomen ; bouche légèrement bordée de brun et de blanc ; une ligne brune, bordée de blanc près des parties vertes, part des narines, s'élargit sur les côtés de la tête et du corps, forme un crochet sur chaque flanc, puis se prolonge sur les membres postérieurs, les contourne et vient se terminer à l'anus ; les membres antérieurs ont la même bande brune et blanche qui forme une sorte de demi-bracelet sur le poignet ; sur la partie externe des cuisses et la partie interne des jambes, la ligne brune est à peine visible. Iris doré ou cuivré ; pupille horizontale.

Tête et corps, du bout du museau à l'anus : 0 m. 047 ; membre postérieur : 0 m. 066 de longueur.

La coloration de cette espèce change souvent chez le même individu ; nous avons eu des Rainettes qui sont devenues brunes, grises ou marbrées de gris, pour redevenir vertes quelque temps après.

La Rainette se montre aux premiers jours d'avril et les mâles se rendent immédiatement à l'eau. Bientôt un bruit assourdissant commence, et nuit et jour, la nuit surtout, les kra-kra-kra, kara-kara-kara partant des mares ou des buissons voisins annoncent aux femelles que le temps des amours est arrivé. Les mâles attendent, le sac vocal souvent gonflé, ce qui leur donne un singulier aspect, et jettent de temps à autre un appel retentissant. Dès qu'une femelle se présente, elle ne tarde pas à avoir un mâle sur le dos. Le couple choisit un endroit où les herbes aquatiques sont assez nombreuses, et bientôt un petit paquet d'œufs est déposé et vient se fixer sur les plantes ou parfois tombe au fond de l'eau. Jusqu'à ce que la femelle ait terminé sa ponte, les amoureux se promèneront ainsi pendant toute la nuit, semant çà et là leurs petits paquets dont la glaire gonfle assez vite et devient de la grosseur d'un gland ou d'une noix ; les petits œufs contenus dans cette glaire sont légèrement bruns en dessus et jaunâtres en dessous. Puis les époux se séparent et chacun s'en va de son côté à la recherche des Insectes. Le mâle chante parfois après l'époque de l'accouplement et nous avons entendu sa voix pendant toute la belle saison.

La Rainette grimpe très facilement aux arbres et au buissons et c'est presque toujours là qu'elle attend sa nourriture. Tapie sur une branche ou sur une feuille, elle reste immobile des heures entières, guettant l'Insecte imprudent qui se pose à sa portée. Alors elle se tourne du côté de sa proie, respire avec vivacité, ouvre des yeux démesurés et, d'un bond, s'élance sur sa victime ; elle la manque rarement et presque toujours sa langue gluante a rencontré l'Insecte, qui est bientôt englouti ; elle reprend ensuite son immobilité absolue.

Comme elle a besoin d'humidité pour vivre, elle se rend de temps à autre aux flaques d'eau des alentours et monte de nouveau sur son observatoire ; nous avons vu des Rainettes habiter le même arbre pendant plusieurs semaines.

À l'approche de la mauvaise saison, elle se réfugie dans les trous, les fentes des rochers, sous les souches, choisissant un endroit suffisamment humide où elle passe les longs mois d'hiver.

Ce joli Batracien vit très bien en captivité si on a soin de le nourrir avec des Mouches, des Blattes, et si on ne le prive pas d'eau.

Métamorphoses. — Le 11 avril 1892, nous trouvons les paquets d'une ponte fraîche dans une mare située à Vaux, près d'Argenton ; nous les plaçons le soir même dans un de nos bassins. La température étant assez froide, le développement de l'œuf ne se fit pas très vite. Au bout de quelques jours, l'embryon avait rompu sa première enveloppe, que l'on pouvait voir près de lui sous la forme de deux petites calottes ; puis il continuait à se développer dans l'œuf et ne tardait pas à rompre sa dernière enveloppe. Les premiers Têtards sortent de l'œuf le 21 avril, les derniers le 24 du même mois. Les yeux, les branchies externes, la bouche, les viscères, l'anus se forment ; puis les branchies externes deviennent internes ; le spiraculum se forme et est ouvert sur le côté gauche du corps ; la nageoire dorso-caudale se développe. La première période a duré sept ou huit jours et le petit Têtard commence à brouter les plantes. Pendant la deuxième période, le jeune sujet grossit un peu. Vers le 16 mai, les bourgeons qui doivent former les membres postérieurs sont visibles chez quelques individus ; le 20 mai, ces bourgeons apparaissent chez un grand nombre de sujets et la troisième période commence. Le 21 mai, la plus forte Larve a 20 millimètres de longueur ; elle a les parties supérieures fortement pigmentées de noir sur fond légèrement verdâtre et jaunâtre ; l'abdomen est cuivré ; la nageoire dorso-caudale est légèrement pigmentée de noir, la queue a une teinte plus foncée. Le 31 mai, la Larve a 31 millimètres ; les membres postérieurs sont peu développés et on commence à apercevoir, au microscope, les bourgeons qui formeront les orteils. Le 10 juin, la plus forte Larve a 35 millimètres ; les membres postérieurs continuent à se développer ; les yeux sont saillants, la tête est large, le corps est court, la nageoire est très large et maculée de noir. Le 20 juin, la plus longue Larve a 37 millimètres ; les membres postérieurs sont presque entièrement formés. Quelques sujets sont à la fin de la troisième période et ont une coloration olivâtre. Une Larve est au début de la quatrième période et a délivré son membre antérieur gauche ; elle devient verdâtre.

Le 25 juin, la Larve qui était au début de la quatrième période est depuis quelques jours à la quatrième période ; elle a sorti son membre antérieur droit peu de temps après le gauche ; elle devient plus verte en dessus et blanche en dessous ; la queue conserve la coloration qu'elle avait lorsque le sujet était à la troisième période. Les autres Larves sont à la troisième période. Ce même jour, 25 juin, nous mettons la Larve à la quatrième période dans le bassin d'une cage ; le 28 juin, elle sort de l'eau, ayant encore un petit bout de queue ; le 30 juin, la queue a disparu, et le jeune Batracien, arrivé à l'état parfait, a 17 millimètres du museau à l'anus ; il prend peu à peu le costume de ses parents. Le 30 juin, la plupart des Larves sont encore à la troisième période, mais beaucoup sont à la quatrième et même chez quelques-unes la queue commence à se résorber. Le 10 juillet, les Larves à la troisième période sont encore nombreuses ; les plus longues ont 40 millimètres. D'autres sont à la quatrième ou à la fin de la quatrième période. Tous les jours des sujets sortent de l'eau, munis d'un petit bout de queue, et achèvent rapidement de se transformer au dehors. Le 20 juillet, des Larves sont toujours à la troisième période ; la plus longue d'entre elles a 46 millimètres. Beaucoup de Têtards sont à la quatrième période ; d'autres, à la fin de la quatrième période, quittent l'eau. Le 31 juillet, il ne reste plus dans le bassin que quatre Larves. Deux sont à la fin de la troisième période ; elles ont leurs membres postérieurs bien développés et les orteils palmés ; elles sont d'un brun foncé olivâtre en dessus, leur queue est fortement tachetée de noirâtre, la teinte métallique du dessous du corps blanchit de plus en plus ; elles ont 47 millimètres de longueur. Les deux autres Larves, à la fin de la quatrième période, verdissent et blanchissent de plus en plus ; elles sortent de l'eau le 1er août. Il ne reste plus que les deux Larves sur le point de passer à la quatrième période. Le 2 août, une de ces Larves est à la quatrième période et l'autre arrive à cette même période le lendemain. Nous les plaçons dans un aquarium avec rocher et plantes aquatiques. Bientôt les lames pectinées et le bec corné de leur petite bouche de Têtard tombent et la grande bouche de l'état parfait se forme ; les branchies internes s'atrophient, les poumons achèvent de se développer, et les Larves, ayant besoin d'air, viennent se placer sur le rocher, le corps à demi plongé dans le liquide. Les 6 et 7 août, les jeunes Rainettes quittent l'eau ; les 8 et 9 août, elles sont à l'état parfait.

 


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