Classe des Mammifères

Les Mammifères ont le sang chaud, la peau garnie de poils, les mâchoires armées de dents ; ils sont vivipares et ont des mamelles ; leurs membres sont organisés pour le vol (Chiroptères) ou pour la marche (Insectivores, Rongeurs, Carnivores, Ongulés).

Tableau indiquant la distribution géographique par espèces, des 53 mammifères observés dans les départements de la France centrale [non représenté].

Ordre I. — Chiroptères

Les Chiroptères, désignés sous le nom vulgaire de Chauves-souris, ont les doigts des membres antérieurs, sauf le pouce, très allongés et réunis par une membrane mince et souple qui s'étend ensuite entre le cinquième doigt et les flancs, reliant entre eux les membres antérieurs et postérieurs ; ces derniers sont réunis à la queue par la membrane interfémorale.

Ces Mammifères sont organisés pour le vol, plus ou moins rapide selon les espèces ; ils marchent assez facilement en s'aidant de leurs quatre membres.

Leurs canines sont très développées et leurs molaires surmontées de tubercules aigus, ce qui leur permet de broyer facilement les Insectes, base de leur nourriture ; un espace assez considérable sépare les incisives vers le milieu de la mâchoire supérieure.

Leurs mamelles sont pectorales ; leurs yeux petits.

Nos Chiroptères sont des animaux crépusculaires et nocturnes. Pendant le jour, ils se tiennent dans les endroits obscurs où ils s'accrochent au moyen des ongles de leurs membres postérieurs, la tête en bas ; le soir, ils sortent de leur demeure et se mettent en chasse. Vers la fin de l'automne, ils tombent dans un engourdissement plus ou moins profond et passent une grande partie de la mauvaise saison sans prendre de nourriture.

Famille des Rhinolophidés

GENRE RHINOLOPHE, Rhinolophus - E. Geoffroy.

Museau surmonté d'un repli cutané garni de quelques poils ; dessus du museau couvert par une peau nue ayant la forme d'un fer à cheval. L'oreille a son sommet aigu et dirigé en dehors et n'a pas d'oreillon. Les membranes et les oreilles ont une teinte brune.

1. — Rhinolophe grand fer-à-cheval, Rhinolophus ferrum equinum - Schreber.

Grand rhinolophe, Rhinolophus ferrumequinum

Pelage brun roux foncé en dessus, brun très pâle en dessous ; sommet de la sella (repli de peau s'élevant entre les narines) arrondi. L'aile s'insère au talon. Envergure : 0 m. 360 ; tête et corps : 0 m. 065 ; queue : 0 m. 035.

Nos trois espèces de Rhinolophes habitent, en toutes saisons, les caves, les cavernes et les souterrains, où on les trouve suspendues aux voûtes ou aux parois, le corps presque entièrement enveloppé par leurs membranes ; elles ne se glissent pas dans les interstices et les fentes comme les Vespertilions. Lorsqu'on les dérange ou qu'on les irrite, les Rhinolophes agitent vivement leurs oreilles, tournent la tête de tous côtés et montrent les dents. L'été, ils sont assez difficiles à capturer et s'enfuient souvent à l'approche d'une lumière ; pourtant, leur sommeil étant très lourd, il arrive parfois qu'on peut les surprendre et s'en emparer. Dès le mois d'octobre, lorsque la température se refroidit, et pendant l'hiver, ils dorment du sommeil hibernal et il est alors très facile de les capturer. On peut les prendre, les examiner, puis les remettre en place ; on les voit s'envelopper de leurs ailes et continuer leur repos interrompu ; les jours suivants, il n'est pas rare de les retrouver exactement au même endroit. En juin et juillet, parfois plus tôt, les femelles se rassemblent en troupes nombreuses pour mettre bas et élever les jeunes en commun ; elles font chacune un petit qui grandit très vite, car nous avons pris, dans les premiers jours de septembre, des jeunes aussi forts que les adultes.

Le Rhinolophe grand fer-à-cheval est très commun dans les souterrains et les caves des châteaux de Chabenet, de Prunget, du Cellier, de Bournoiseau, aux environs d'Argenton ; on le rencontre aussi dans toutes les cavernes situées sur les bords de la Creuse et de la Bouzanne. On le trouve seul ou par petites bandes ; en mai, juin, juillet, août et septembre, on rencontre des troupes assez considérables composées principalement de femelles et de jeunes. Le 22 juillet 1892, nous avons trouvé, dans une cave du château de Chabenet, une colonie formée de quelques mâles, de nombreuses femelles et de jeunes déjà forts ; quelques femelles seulement avaient encore leur petit cramponné à leur corps lorsqu'elles se déplaçaient ; cette espèce vivait là en compagnie de Rhinolophes Euryales et de Vespertilions échancrés.

Durant la belle saison, il erre d'un vol bas le long des maisons, des haies et des rivières, et poursuit les Insectes nocturnes. Aussitôt qu'une proie volumineuse est capturée, l'animal vient s'accrocher, la tête en bas, à un tronc d'arbre ou à l'entrée de sa demeure et dévore le produit de sa chasse ; si la proie est petite, il ne s'arrête pas et la mange en continuant ses évolutions. Il n'est pas rare de voir à l’entrée des cavernes fréquentées par ces animaux de nombreux débris d'Insectes mêlés à des déjections ; l'examen de ces débris nous a prouvé que le Grand fer-à-cheval s'attaque souvent aux Coléoptères de forte taille et aux grandes espèces de Lépidoptères crépusculaires et nocturnes.

D'un naturel farouche, ce Rhinolophe s'accommode mal de la captivité ; il se jette avec violence sur les barreaux de sa cage et finit par se briser les membres antérieurs ; il refuse toute nourriture et ne tarde pas à mourir.

Dès les premiers jours d'octobre, il dort du sommeil hibernal et sort de sa léthargie lorsque le temps devient assez chaud ; rien n'est plus variable que ce sommeil, car nous avons rencontré en octobre, par une température douce, des sujets profondément endormis, alors qu'en novembre, par un temps froid, d'autres Rhinolophes de la même espèce se mettaient à voltiger aussitôt qu'ils apercevaient la lumière.

2. — Rhinolophe petit fer-à-cheval, Rhinolophus hipposideros - Bechstein.

Petit rhinolophe, Rhinolophus hipposideros

Pelage brun en dessus, d'une teinte plus claire en dessous ; sommet de la sella arrondi. L'aile s'insère au talon. Envergure : 0 m. 220 ; tête et corps : 0 m. 040 ; queue : 0 m. 020.

Le Rhinolophe petit fer-à-cheval est commun. Nous l'avons capturé à maintes reprise, aux environs d’Argenton, dans les ruines de Bournoiseau, dans les chambres souterraines du château de Prunget, dans les cavernes des bords de la Creuse et de la Bouzanne. Il vole avec lenteur, par la nuit noire, dans les campagnes, autour des bois et des buissons, et dort, le jour, enveloppé de ses ailes. Nous avons pris en juillet, dans la même caverne, de nombreuses femelles pleines et d'autres accompagnées de jeunes plus ou moins forts ; dans nos cages, les petits allaient souvent d'une femelle à l'autre et étaient toujours parfaitement accueillis.

L'hiver, il s'engourdit comme le Grand fer-à-cheval, plus complètement peut-être.

Nous avons remarqué que lorsqu'on rencontre une de ces Chauves-souris seule, dans une caverne ou un souterrain, c'est presque toujours un mâle.

3. — Rhinolophe euryale, Rhinolophus Euryale - Blasius.

Rhinolophe euryale, Rhinolophus euryale

Pelage brun en dessus, brun clair en dessous ; sommet de la sella en pointe. L'aile s'insère au tibia. Envergure : 0 m. 280 ; tête et corps : 0 m. 055 ; queue : 0 m. 025.

Cette espèce est assez rare et localisée. Le 16 août 1888, nous avons trouvé, dans une cave du château de Chabenet, une colonie d'environ 250 ou 300 individus serrés les uns contre les autres, accrochés à la voûte par leurs membres postérieurs, et occupant un espace d'environ un mètre carré. À la vue d'une lumière, ils commencèrent à voler pêle-mêle, puis se groupèrent à un autre endroit de la voûte, d'où ils s'envolèrent encore pour se grouper de nouveau ailleurs. Enfin, pourchassés, ils finirent par s'enfuir à travers les soupiraux et se mirent à voltiger, sous un soleil ardent et sans aucune gêne, autour des grands sapins du voisinage, puis se réfugièrent presque tous dans un souterrain où nous en prîmes six : quatre mâles et deux femelles. Parmi les mâles, trois étaient adultes ; le quatrième, un jeune aussi grand que les adultes, avait l'estomac rempli de lait. Le 22 août, la colonie occupait la même cave ; le 10 septembre, elle n'y était plus.

Pendant les années suivantes, en juillet et août, nous avons souvent rencontré cette troupe dans la même cave.

Ordinairement, les femelles de l’Euryale et du Grand fer-à-cheval mettent bas avant la femelle du Petit fer-à-cheval.

 


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