MAMMIFÈRES
Famille des Canidés
GENRE CHIEN, Canis - Linné.
Tête large ; museau allongé ; yeux assez grands ; oreilles de moyenne longueur, se terminant en pointe ; corps peu allongé ; queue longue et touffue, principalement chez le Renard ; membres assez longs ; ongles non rétractiles, moins aigus que dans le genre précédent ; marche digitigrade.
46. — Loup commun, Canis lupus - Linné.
Loup gris, Canis lupus
Parties supérieures mélangées de poils fauves et de poils noirs ; parties inférieures d'un fauve clair ; gorge blanche ; pattes fauves, les antérieures ayant une raie noire en avant ; queue garnie de longs poils principalement en dessous, fauve noirâtre dessus, fauve clair dessous jusqu'aux deux tiers de sa longueur et noirâtre jusqu'à l'extrémité. Le pelage blanchit un peu lorsque l'animal devient vieux. Tête et corps : 1 m. 15 ; queue : 0 m. 35 ; hauteur au garrot : 0 m. 60. L'empreinte de ses pieds est plus allongée que celle du Chien. Son hurlement sinistre s'entend de très loin.
Le Loup était assez commun il y a quelques années dans les départements de l'Indre, de la Vienne et de la Creuse ; il est devenu beaucoup plus rare par suite de la guerre acharnée qu'on lui fait, surtout depuis qu'un Homme habitant dans l'arrondissement du Blanc fait métier de rechercher et de détruire les nichées.
Il se tient solitaire ou par deux ou trois, tantôt dans les forêts, tantôt dans les petits bois fourrés. Il se nourrit de Lièvres, Chevreuils et, en cas de disette, mange des Colimaçons, des Grenouilles et même des fruits ; mais ses victimes les plus ordinaires son les Chiens, les Moutons, les Oies et les Dindons ; il s'attaque aussi aux Ânes, aux jeunes Bœufs et aux jeunes Chevaux. Il se jette rarement sur l'Homme, à moins qu'il ne soit enragé.
C'est à tort que l'on dit que la rage se développe spontanément chez le Chien ou chez le Loup ; cette maladie ayant une origine microbienne, il faut toujours qu'il y ait inoculation du virus pour qu'elle puisse se déclarer chez un sujet. Le Chien atteint d'hydrophobie quitte ses maîtres et s'en va droit devant lui et sans but, mordant bêtes et gens ; il peut arriver que dans ses pérégrinations il devienne la proie d'un Loup, mais dans la lutte il aura inoculé à son agresseur le terrible microbe et, au bout de quelques jours, le bourreau deviendra victime à son tour. Dans les environs d'Argenton, personne n'a oublié le drame qui se déroula un jour de juillet 1878 : un Loup de forte taille parcourut les communes de Tendu et de Mosnay, mordit sept personnes et de nombreux animaux et, finalement, fut tué à coups de fourche par un courageux garçon, au moment où il attaquait un troupeau de moutons ; un Homme, une Femme et un Enfant, blessés au visage et aux mains, moururent hydrophobes et on dut abattre une quantité de bestiaux.
Il paraît y avoir chez le Loup égalité des sexes ; il est polygame ; la gestation dure un peu plus de trois mois. En mai ou juin, la Louve choisit, pour mettre bas, un fourré impénétrable ou une forte brande, parfois même un champ de seigle. Elle fait cinq à neuf petits, dont les yeux ne s'ouvrent qu'au bout de quelques jours, et allaite pendant six ou sept semaines ; c'est le plus souvent au loin de son liteau qu'elle exerce ses déprédations lorsqu'il lui faut apporter une proie à ses louveteaux.
La variété noirâtre n'est pas très rare dans la France centrale et on ne prend guère de portée sans que sur cinq ou six petits il y en ait au moins un presque noir.
En captivité, le Loup et la Louve peuvent reproduire avec la Chienne et le Chien ; mais en est-il de même dans l'état sauvage ? Le besoin de s'accoupler est-il assez puissant pour faire disparaître un instant l'animosité qui existe entre les deux espèces ? Cela est bien douteux ! Pourtant, il est arrivé à des chasseurs de tuer des Loups ayant quelque ressemblance avec le Chien mâtin : le 15 février 1883, un Loup noir argenté, ayant le crâne moins large et les oreilles un peu plus longues que chez le type ordinaire de l'espèce, a été tué près de Lothiers, au moment où il venait de s'emparer d'une Oie ; le pied de ce sujet était absolument conforme à celui du Loup commun.
Extrêmement méfiant et rusé, le Loup est difficile à tuer aux Chiens courants ; il débuche immédiatement et entraîne au loin la meute qui le poursuit. Il faut des Chiens de premier ordre pour le forcer.
Pris jeune, il s'apprivoise et devient assez familier.
47. — Renard commun, Canis vulpes - Linné.
Renard roux, Vulpes vulpes
Pelage fauve en dessus, quelquefois parsemé de poils noirs et de poils blancs, gris blanchâtre en dessous ; oreilles blanchâtres devant, noires derrière ; membres plus sombres que le dessus du corps, à extrémités presque noires ; queue très touffue, de couleur foncée et terminée par des poils blancs. La variété à pelage sombre dite « Renard charbonnier » est presque aussi commune que le type. Tête et corps : 0 m. 70 ; queue : 0 m. 42 ; hauteur au garrot : 0 m. 32.
Très commun dans tous les bois, le Renard se creuse un terrier profond et ayant plusieurs ouvertures, s'empare des habitations des Lapins ou des Blaireaux et les façonne à sa fantaisie. Si, dans les endroits qu'il fréquente, il trouve des crevasses de rochers ou des cavernes, c'est là qu'il élit domicile. Il se nourrit de Mammifères, d'Oiseaux, d'œufs et même de Grenouilles, d'Insectes et de fruits ; il ne dédaigne pas le Poisson et visite tous les étangs en pêche. Dès qu'il s'est emparé d'une Carpe ou d'un Brochet, il l'emporte et va au loin le dévorer, au contraire de la Loutre qui mange sa proie sur le bord de l'eau. Souvent les paysans de la Brenne découvrent, sous un buisson, trois ou quatre Poissons bien cachés ; c'est le Renard qui a fait un riche butin et qui a enfoui sous les herbes une partie de sa chasse.
Il a une préférence marquée pour la volaille : Dindes et Poulets sont souvent ses victimes. Chasseur passionné, il poursuit le Lièvre et l'effraye par ses glapissements pendant que sa femelle ou un compère va, paraît-il, se poster au bon endroit et tombe, au moment opportun, sur le dos du gibier.
C'est en avril ou mai que la femelle met bas, dans la partie la plus saine du terrier, cinq à huit Renardeaux qui grandissent vite et au bout de huit semaines suivent déjà la mère à la maraude. Alors père et mère ne se gêneront pas pour piller les poulaillers du voisinage afin de subvenir aux besoins de la famille. Ils feront même d'épouvantables massacres : nous avons vu une bande de Dindons presque entièrement anéantie par un couple de Renards ; 54 sujets sur 60 furent tués en quelques instants.
Nous ne savons trop si le Renard est polygame, on serait tenté de le croire, et pourtant le mâle et la femelle vivent ensemble et élèvent leurs petits en commun. La gestation est d'environ deux mois ; les petits n'ont les yeux ouverts qu'au bout de quelques jours.
Moins rusé que le Loup, il est beaucoup plus facile à tromper, mais devient de jour en jour, dans nos pays où il est fort pourchassé, extrêmement circonspect ; un tout jeune Renardeau se montre déjà, vis-à-vis de l'Homme et des pièges, de la plus extrême défiance.
Poursuivi par les Chiens, il se fait chasser un certain temps s'il n'est pas mené trop vite et finit toujours par se terrer.
On a tué dans le département un Renard blanc, variété albine de l'espèce commune.
En captivité, il devient extrêmement familier s'il a été pris jeune, mais il reste farceur et voleur, tuant les Poules, dérobant les œufs et cachant tout, même les choses qui ne se mangent pas ! Nous avons eu des Renards qui vivaient dans une liberté presque complète ; ils nous étaient très attachés et ne cherchaient jamais à nous mordre, mais leur caractère pillard nous a causé bien des désagréments.