MAMMIFÈRES

Ordre V. — Ongulés

Les Ongulés ont les doigts pourvus d'une corne dure ou sabot. Ces Mammifères se nourrissent principalement de végétaux et dans le sous-ordre des Ruminants l'estomac présente une conformation particulière dont nous parlerons.

Dans le sous-ordre des Porcins il y a des incisives aux deux mâchoires, les canines sont très développées et les molaires ont des tubercules arrondis.

Dans le sous-ordre des Ruminants les incisives manquent à la mâchoire supérieure, les canines sont petites ou n'existent pas et les molaires ont des saillies anguleuses.

SOUS-ORDRE DES PORCINS OU PACHYDERMES

Famille des Suinidés

GENRE SANGLIER, Sus - Linné.

Tête plutôt grosse ; museau allongé, se terminant par un boutoir ; yeux petits ; des incisives aux deux mâchoires ; les canines ou défenses, très développées chez le mâle adulte, sortent de la bouche et ont leur extrémité dirigée en haut ; les prémolaires sont assez tranchantes et les arrière-molaires pourvues de tubercules arrondis ; oreilles de moyenne grandeur ; corps peu allongé, robuste ; queue petite ; membres assez courts, munis de quatre doigts à chaque pied. Les doigts du milieu portent sur le sol, les deux autres, plus petits, situés en arrière des premiers, ne touchent terre que lorsque l'animal se trouve sur des terrains mous ou lorsqu'il descend une forte pente.

48. — Sanglier commun, Sus scrofa - Linné.

Sanglier, Sus scrofa

Pelage brun noirâtre ou grisâtre ; oreilles, tour des yeux, bout du museau, menton, pattes et queue noirs. Sous les soies, dures et raides, se trouve une fourrure grossière composée de poils bruns et frisés. La peau est très épaisse sur le cou, la partie antérieure du dos et les côtés de la poitrine. Tête et corps : 1 m. 55 ; queue : 0 m. 38 ; hauteur au garrot : 0 m. 90. La femelle est plus petite que le mâle.

Jusqu'à l'âge de cinq ou six mois, les jeunes ont une livrée composée de raies longitudinales brunes sur fond fauve.

Le Sanglier est assez commun dans les grands bois. Il se déplace volontiers et après avoir été très abondant dans une forêt il se fait tout à coup rare, pour redevenir abondant plus tard.

Il reste couché pendant la plus grande partie du jour au plus épais des fourrés, et quelquefois dans les grands joncs serrés et sur les mottes des étangs ; le soir venu, il va à la recherche de sa nourriture, fouillant de son boutoir les champs de pommes de terre et de topinambours, dévastant les moissons, car il ne dédaigne pas les graines des céréales, mangeant les glands, les châtaignes, les faînes, les racines de fougères, les œufs, les jeunes Lapins, les Levrauts, les Vers et les Colimaçons.

On le trouve souvent par bandes ; les vieux mâles vivent solitaires. Le rut est en octobre, novembre et décembre, mais quelques femelles s'accouplent plus tôt ; à ce moment, les solitaires s'approchent des bandes, tombent sur les mâles plus jeunes, les bousculent dans de furieux combats et s'emparent des Laies. Mais le vainqueur est à peine accouplé que les vaincus reviennent à la charge et lui labourent, à coups de boutoir, les flancs et les cuisses. Nous avons vu un magnifique mâle de 315 livres, tué en novembre, dont l'arrière-train était horriblement balafré en plus de vingt endroits.

En février, mars ou avril, la femelle met bas de cinq à huit petits qui restent avec leur mère pendant un an environ ; généralement il y a plus de femelles que de mâles.

Le sanglier est extrêmement défiant, a l'ouïe excellente et l'odorat très fin. On le chasse à l'aide de Chiens courants ; blessé, il se défend courageusement, éventre les Chiens et se jette au besoin sur les chasseurs. Après l'Homme, son seul ennemi est le Loup ; encore ce dernier n'attaque-t-il que les Marcassins.

Le Sanglier pris jeune s'apprivoise facilement.

Deux sujets albinos ont été tués près d'Argenton par MM. Mercier-Génétoux ; un autre individu de même coloration a été pris près de Neuvy.

Il n'est pas rare de voir le Sanglier s'accoupler avec la Truie ; dans le département, des accouplements de ce genre ont donné des résultats. Un cultivateur des environs d'Argenton avait même mis à profit cette passion du Sanglier pour la femelle du Cochon domestique : lorsque ses Truies étaient à l'époque des chaleurs, il les menait dans les bois et, se plaçant à l'affût à proximité de ses bêtes, il tuait les sauvages amoureux. Il est moins commun de voir le Verrat s'accoupler avec la Laie ; pourtant le fait s'est présenté plusieurs fois dans quelques-uns de nos grands bois, où les Porcs reproducteurs vivent dans une liberté presque complète à certaines époques de l'année, car nous avons vu tuer des Sangliers qui, certainement, étaient des hybrides des deux espèces. En mars 1894, nous avons rencontré, dans un bois des environs d'Oulches, une Laie ayant avec elle six jeunes de l'année précédente. Après trois heures de chasse, l'un des Marcassins fut tué ; cet animal, tout en ayant les oreilles, les pieds et les soies du Sanglier, était absolument blanc par tout le corps et sa chair ressemblait beaucoup à celle du Cochon. À la même époque, MM. Mercier-Génétoux tuèrent, dans les bois de Luant, un Sanglier mâle d'environ cent kilogrammes, qui avait les soies blanchâtres, les flancs roussâtres, les oreilles plus longues et plus larges, l'arrière-train proportionnellement plus fort que les individus de son espèce ; ce sujet n'était pas un métis direct, mais il avait certainement un Cochon domestique parmi ses ancêtres ; cela prouve que l'hybride peut se reproduire.

 


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