OISEAUX LIMICOLES

Famille des Charadriidés

GENRE ÉDICNÈME, Edicnemus - Temminck.

Bec très fendu, plus long que la tête, fort ; pieds à trois doigts réunis jusqu'à la 2e articulation par une membrane prolongée le long des doigts ; queue très étagée, conique. Plumage varié de taches oblongues occupant le centre des plumes.

167. Édicnème criard, Edicnemus crepitans - Temm.

Œdicnème criard, Burhinus œdicnemus

Roussâtre clair en dessus, avec tache noire sur chaque plume, bleuâtre en dessous ; sur l'aile une bande blanche longitudinale bordée de noir ; gros yeux jaunes. Taille : 0 m. 42.

Commun dans le département, et même très répandu sur certains points, l'Édicnème est sédentaire en ce sens qu'on trouve, même en hiver, quelques sujets dans nos grandes plaines et sur les coteaux peu élevés, la masse émigrant en novembre pour reparaître en mars.

On le trouve dans toutes les mauvaises terres, dans les grands labours, les abords des brandes, mais il n'est nulle part aussi multiplié que dans les communes de Fontgombault, Sauzelles et Mérigny. Là, dans les grandes plaines ondulées, au milieu de terrains caillouteux semés d'œillets et d'herbes fines, plantés çà et là de maigres vignes, de brins de taillis et de nombreux genévriers, les Édicnèmes habitent par centaines de mars à fin novembre, très défiants, inapprochables. Ils y vivent d'Orthoptères, Coléoptères, Hémiptères et de Lombrics et y nichent sans aucune préparation, à terre, entre deux cailloux.

En marchant sur la lande hérissée çà et là de pointes de rocs, vous apercevez tout à coup à vos pieds deux œufs d'un jaune roux de 0 m. 055 sur 0 m. 042, couverts de stries, de plaques, de taches et de mouchetures grises ou brunes, posés l'un à côté de l'autre sur le sol ; c'est un nid d'Édicnème que la mère a quitté lorsque vous étiez encore éloigné.

Plus tard, le chasseur battant les terres labourées, en septembre, trouve assez souvent dans les sillons des petits incapables de voler qui se laissent prendre entre deux mottes à l'arrêt du Chien.

Dès que le soir arrive, l'Édicnème prend son vol et parcourt l'air en poussant son cri prolongé qui lui a valu le nom de Courlis de terre, et on l'entend encore par la nuit noire au fond des campagnes.

GENRE PLUVIER, Pluvialis - Barrère.

Bec plus court que la tête, grêle, renflé vers le bout ; trois doigts, l'extérieur réuni à celui du milieu par une courte membrane, le doigt intérieur divisé ; queue à peu près carrée.

168. Pluvier doré, Pluvialis apricarius - Bonap.

Pluvier doré, Pluvialis apricaria

Toutes les parties supérieures d'un noir de suie marqueté de taches jaune doré, cou et poitrine variés de taches cendrées, brunes ou jaunâtres ; parties inférieures blanches, rémiges noires. Ce plumage disparaît en été ; les Oiseaux ont alors tout le dessus du corps d'un noir profond semé de taches jaunes d'or, front et dessus des yeux d'un blanc pur, les parties inférieures d'un noir foncé. Taille : 0 m. 27.

Le Pluvier doré arrive par troupes dans le département vers le 15 octobre.

Le passage n'a lieu que certains jours et se termine vers le 15 novembre. Les troupes de douze à cent individus s'abattent dans les terres labourées, les landes, les grandes plaines et demeurent rarement au même endroit plus d'un jour ou deux. Le passage de retour a lieu du 25 février au 10 avril, surtout au milieu de mars. Le Pluvier doré ne niche jamais dans le département.

169. Pluvier varié, Pluvialis varius - Schlegel.

Pluvier argenté, Pluvialis squatarola

Front, une large bande sur les yeux, cuisses, abdomen et couvertures inférieures de la queue d'un blanc pur ; nuque blanche nuancée de brun ; gorge, cou, milieu de la poitrine, ventre et flancs d'un noir profond ; de grandes taches blanches sur les couvertures des ailes. Taille : 0 m. 28.

Apparaît de loin en loin en Brenne, en avril, surtout du 15 au 30, généralement solitaire, sur les bords arénacés des étangs, parfois plus tôt, en mars, avec les bandes de Vanneaux. Il n'est pas extrêmement rare, en ce sens que nous avons connaissance de quelque capture, presque chaque année, mais il n'est jamais commun. En novembre, il repasse, quelquefois par bandes de cinq à six individus, sans guère s'arrêter. On ne l'observe presque jamais en dehors des pays d'étangs.

GENRE GUIGNARD, Morinellus - Bonap.

Bec plus court que la tête, mince, très peu renflé au bout ; trois doigts, les latéraux courts ; plumage coloré par masses ou partie varié.

170. Guignard de Sibérie, Morinellus sibericus - Bonap.

Pluvier guignard, Charadrius morinellus

Vertex et occiput d'un cendré brun, larges sourcils blanc roussâtre, face blanche pointillée de noir ; parties supérieures d'un cendré noirâtre teint de verdâtre avec les plumes encadrées de roux ; poitrine et flancs d'un cendré roussâtre, un large ceinturon blanc sur la poitrine ; queue terminée de blanc. Taille : 0 m. 32.

De passage accidentel dans le département de l'Indre. En certaines années, on le trouve sur le bord des étangs et dans les terres labourées voisines, par bandes de cinq à douze individus, à la fin de mars et aux premiers jours d'avril, puis il disparaît et on le revoit, quand il revient, en novembre. Il est plus commun dans les plaines d'Issoudun que dans celles de Châteauroux et du Blanc où il est toujours rare, de sorte que, bien qu'il soit moins défiant que les autres Pluviers, on le rencontre très peu souvent sur les marchés.

GENRE GRAVELOT, Charadrius - Linné.

Bec plus court que la tête, mince ; trois doigts en avant avec les membranes interdigitales peu développées, celle entre le doigt externe et le médian insérée bien en arrière de l'articulation. Plumage coloré par grandes masses.

171. Gravelot hiaticule, Charadrius hiaticula - Linné.

Grand Gravelot, Charadrius hiaticula

Front, espace entre le bec et l'œil, une large bande coronale aboutissant aux yeux, d'un noir profond ; entre les bandes noires de la tête, une large bande d'un blanc pur ; gorge, cou, ventre et abdomen blancs ; sur la poitrine, un plastron d'un noir foncé. Le bec de couleur orange avec la pointe noire. Taille : 0 m. 16.

Cette espèce se montre régulièrement chaque année, mais toujours en petit nombre, le long de nos marais. Elle arrive par petites familles ou par couples aux premiers jours d'avril, parfois à la fin du mois, et repasse en octobre. Nous ne pensons pas qu'elle niche dans le département.

172. Gravelot à collier interrompu, Charadrius cantianus - Lath.

Gravelot à collier interrompu, Charadrius alexandrinus

Front, sourcils, une bande sur la nuque et toutes les parties inférieures d'un blanc pur ; espace entre l'œil et le bec, une large bande au-dessus de la bande blanche du front et une large tache de chaque côté de la poitrine d'un noir profond ; tache cendrée derrière l'œil ; tête d'un gris cendré ; parties supérieures d'un cendré brun. Taille : 0 m. 15.

Excessivement commun en août et septembre, puis en février et mars sur les plages de l'Océan et dans les marais salants ; il est bien moins répandu dans l'intérieur des terres. On le voit pourtant assez souvent sur le bord de nos marais en avril et en octobre ; il est alors facile à tuer sur les grèves sableuses des étangs.

173. Gravelot des Philippines, Charadrius Philippinus - Scop.

Petit Gravelot, Charadrius dubius

Front, espace entre l'œil et le bec, une large bande sur les yeux et le plastron étroit d'un beau noir, un blanc pur surmonte la bande frontale et teint la gorge ainsi qu'un collier et toutes les parties inférieures ; l'occiput et les parties supérieures sont d'un brun cendré. Taille : 0 m. 13.

Le petit Pluvier à collier est, au moment des passages, beaucoup plus commun dans le département que ses deux congénères ; on le trouve sur les grèves sablonneuses de presque tous les étangs, ordinairement par couples, du 1er au 20 avril. Il est peu farouche et se laisse facilement approcher à portée de fusil ; il part en rasant la surface de l'eau et en jetant un ou plusieurs cris flûtés, à la manière des Chevaliers, et se repose presque aussitôt sur le sable en évitant les endroits boueux et herbeux. Il vit même en Brenne à l'état sédentaire, car nous l'avons observé en toute saison, sauf pendant les grands froids. Nous avons même assez souvent trouvé le nid sur les îlots des étangs, en juin. Deux ou trois œufs relativement gros (0 m. 034 sur 0 m. 024), piriformes, jaunâtres avec des points et des stries noirâtres très rapprochés, sont posés sur le sable ou sur quelques herbes sans aucune préparation. En octobre et novembre, l'espèce fait son voyage de retour ; on la trouve alors souvent solitaire.

GENRE VANNEAU, Vanellus - Linné.

Bec plus court que la tête, brusquement renflé ; trois doigts en avant et un en arrière ; tête ornée d'une huppe effilée ; plumage coloré par grandes masses.

174. Vanneau huppé, Vanellus cristatus - Meyer et Wolff.

Vanneau huppé, Vanellus vanellus

Sommet de la tête, huppe et poitrine d'un noir à reflets ; région des yeux, des joues et des oreilles mélangée de noir, de blanc et de roussâtre ; gorge blanche ; parties supérieures d'un vert sombre à reflets ; ventre blanc pur ; couvertures inférieures de la queue d'un roux tendre, petites et moyennes couvertures des ailes d'un bronzé chatoyant ; queue blanche à la base et au bout, noire au milieu. Taille : 0 m. 34.

Dans le département de l'Indre, la Brenne est une des stations favorites du Vanneau, un de ses séjours de prédilection, une route qu'il aime à suivre dans ses pérégrinations. Nulle part en France, on ne voit autant de Vanneaux qu'en Brenne. Un assez grand nombre de ces Oiseaux vivent toute l'année au bord des grands étangs. par un ou plusieurs couples et, après les nichées, par familles. On ne chasse jamais en juillet autour des grands étangs, sans trouver des Vanneaux souvent très nombreux et il n'est pas rare de découvrir leur nid placé à l'abri d'une motte d'étang ou dans un pacage fleuri, dans un champ de hautes herbes, dans une brande rase, avec trois œufs jaunes à taches noires, de 0 m. 046 sur 0 m. 033. Plus tard, le Chien couchant arrête fréquemment de jeunes Vanneaux cachés dans la brande et le chasseur n'a pas plutôt ramassé l'Oiseau que les père, mère et voisins viennent en tourbillonnant, en poussant des cris, voler autour de lui, souvent à portée, tandis qu'en temps ordinaire ils volent à une grande hauteur au-dessus de l'Homme en miaulant des heures entières, mais toujours hors d'atteinte.

Dès le mois d'août, en général vers le 15, un premier passage d'étrangers a lieu et les abords des étangs sont pendant quelques jours peuplés de troupes voyageuses qui se mêlent parfois aux familles du pays.

En septembre et surtout en octobre, on tire continuellement des Vanneaux attroupés ; ils sont alors répandus partout, dans les queues d'étangs, sur les grèves, dans les labours.

En novembre, ils sont extrêmement communs et, s'ils deviennent moins abondants dans les trois mois qui suivent, on en voit pourtant toujours quelques bandes de dix à quatre cents individus.

Aux premiers jours de mars ont lieu les plus grands passages ; on observe alors à chaque pas, dans les pays de marais, des attroupements de deux cents à quatre cents sujets et plus ; vous les voyez folâtrer en l'air, se balançant sur leurs longues ailes, se poursuivre, cabrioler et s'abaisser en poussant leurs cris aigus, ou bien, surpris par l'Homme, s'enlever en bataillon serré ou passer en l'air, rapides comme une trombe, avec un énorme bruissement d'ailes.

En avril, passages encore nombreux ; puis, en mai, on ne trouve plus guère que les sédentaires en train de préparer leurs couvées.

GENRE HUÎTRIER, Haematopus - Linné.

Bec beaucoup plus long que la tête ; trois doigts seulement en avant, courts et épais.

175. Huîtrier pie, Haematopus ostralegus - Linné.

Huîtrier pie, Haematopus ostralegus

Le nom scientifique de l'Oiseau indique qu'il a les pieds rouges, son nom français montre qu'il porte une livrée noire et blanche, le noir s'étendant sur la tête, le dos, les ailes, la queue, le haut de la poitrine, le blanc sur la gorge, le bas du dos et les parties inférieures. Sa taille est de 0 m. 42.

Cet Oiseau est commun en France sur les rivages de l'Océan, il est rare dans l'intérieur des terres. Aussi ne le voyons-nous que de loin en loin et toujours un par un. Nous avons connaissance de quelques captures assez récentes faites à la suite des grands vents d'ouest en mars, et le Dr Penin du Blanc nous a raconté en avoir vu abattre un par M. Séguin sur les bords de la Mer Rouge. Un des sujets de la collection Mercier a été tué près de Saint-Gaultier.

GENRE TOURNE-PIERRE, Strepsilas - Illig.

Bec à peu près de la longueur de la tête ; quatre doigts dont un pouce, membranes interdigitales presque nulles.

176. Tourne-pierre vulgaire, Strepsilas interpres - Illig.

Tournepierre à collier, Arenaria interpres

Front, espace entre le bec et l'œil, un large collier sur la nuque avec une bande qui descend de l'œil et s'y réunit, une partie du dos et une bande longitudinale sur l'aile d'un beau noir ; gorge, derrière du cou, côtés de la tête entre les bandes noires, bande transversale sur l'aile, couvertures supérieures de la queue et parties inférieures d'un blanc pur ; sommet de la tête blanc roussâtre rayé de noir ; haut du dos, scapulaires et couvertures des ailes d'un roux marron vif semé de taches noires ; croupion blanc. Taille : 0 m. 22.

Très rare dans le département. On nous a parlé d'une ou deux captures un peu incertaines, mais nous avons tué nous-même un beau mâle, en août, à Lérignon, au milieu d'une bande de Pluviers.

 


Sommaire
général

Table
des matières

Index
des noms français
actuels

Index
des noms latins
actuels