POISSONS CARTILAGINEUX

Ordre I. — Cyclostomes

Les Cyclostomes ont la bouche en forme de suçoir ou de ventouse dont le bord est formé par une lèvre assez épaisse ; ils ont le corps très allongé, cylindrique, la queue légèrement comprimée, le squelette cartilagineux et un seul orifice nasal. Ils n'ont ni nageoires pectorales, ni ventrales.

Famille des Pétromyzonidés

GENRE LAMPROIE, Petromyzon - Linné.

Tête de moyenne grosseur ; bouche circulaire, en forme de ventouse, arrondie chez l'adulte ; yeux plutôt petits ; sept orifices branchiaux de chaque côté. Corps très allongé, cylindrique ; queue légèrement comprimée. Peau nue. Pas de nageoires pectorales, pas de ventrales. Première nageoire dorsale arrondie, assez large, peu élevée ; seconde dorsale large, s'étendant sur une partie de la queue, réunie à la caudale ; caudale peu développée, lancéolée ; anale très peu élevée, réunie à la caudale et à peine visible dans sa partie antérieure ; nageoires munies de rayons cartilagineux. Pas de ligne latérale ; de très nombreux plis verticaux sur le corps, principalement chez la Larve.

Les jeunes subissent des métamorphoses chez la Lamproie fluviatile et chez la Lamproie de Planer ; on ignore s'il en est de même chez la Lamproie marine.

Sauf la différence de taille, il est très difficile de reconnaître les caractères spéciaux qui distinguent chacune des espèces.

Le Dr Moreau cite les caractères suivants :

Lamproie marine : pièce maxillaire supérieure à deux pointes rapprochées.

Lamproie fluviatile : pièce maxillaire supérieure à deux pointes écartées ; dorsales éloignées.

Lamproie de Planer : pièce maxillaire supérieure à deux pointes écartées ; dorsales rapprochées.

29. — Lamproie marine, Petromyzon marinus - Linné.

Lamproie marine, Petromyzon marinus

Parties supérieures d'un brun plus ou moins noirâtre marbré de taches foncées ; parties inférieures blanchâtres. Peut avoir 1 mètre de longueur et peser 3 ou 4 livres.

Cette espèce marine, qui remontait assez fréquemment jusque dans la Creuse il y a vingt ans, devient de plus en plus rare. D'anciens pêcheurs d'Argenton nous ont raconté qu'ils prenaient la grande Lamproie au moyen d'un trident lorsque, fixée par sa bouche à une grosse pierre, elle agitait son corps dans tous les sens ; parfois ils en prenaient plusieurs de 3 à 4 livres fixées au même endroit, ce qui leur faisait supposer que cette grande espèce voyageait parfois en petites bandes ; ils avaient aussi remarqué que la Lamproie maigrissait lorsque la température augmentait. Depuis une dizaine d'années on ne prend plus cette espèce que de loin en loin. La dernière capture qui, à notre connaissance, a été faite dans la Creuse, a eu lieu en 1885 : un individu qui pêchait à l'épervier près du pont de Saint-Marin, en aval d'Argenton, prit une Lamproie de 80 centimètres de longueur et du poids de 3 livres.

30. — Lamproie fluviatile, Petromyzon fluviatilis - Linné.

Lamproie fluviatile, Lampetra fluviatilis

Parties supérieures brunâtres ou noirâtres ; parties inférieures blanchâtres. Longueur : 35 à 40 centimètres.

Commune autrefois dans la Creuse, et même dans l'Anglin, elle y est très rare aujourd'hui. Elle remontait en mars et descendait en septembre. On la trouvait dans les gués. Elle se faisait une fosse dans le sable et il était facile de l'apercevoir et de la prendre avec des pinces.

Les Lamproies sont encore si peu connues que des naturalistes disent que la Lamproie fluviatile et la Lamproie de Planer appartiennent à la même espèce ; pourtant, nous n'avons pas connaissance de captures de sujets ayant une taille intermédiaire.

D'après le Dr Fatio, la Lamproie fluviatile habite la mer et remonte chaque année dans les fleuves et rivières pour y frayer.

31. — Lamproie de Planer, Petromyzon planeri - Bloch.

Lamproie de Planer, Lampetra planer

Parties supérieures d'un brun noirâtre parfois légèrement bleuâtre, parties inférieures blanchâtres ou d'un blanc jaunâtre. Longueur : 16 à 17 centimètres.

Dans l'Indre, les pêcheurs disent qu'il y a la petite Lamproie aveugle et la petite Lamproie pourvue d'yeux ; ils en font deux espèces alors qu'il n'y en a qu'une. La Lamproie dont les yeux sont représentés par deux petits points noirâtres plus ou moins apparents est la Larve de celle qui est munie d'yeux à iris argenté.

La Lamproie de Planer subit des métamorphoses. Lorsqu'elle naît elle est encore dans un état rudimentaire et, peu à peu, elle prend la forme de ses parents et devient semblable à eux ; la transformation s'opère lentement, en deux ou trois ans selon les naturalistes qui ont étudié cette espèce, et pendant ce temps l'animal grandit toujours ; il nous est arrivé bien des fois de trouver des Larves ayant la taille des adultes.

Cette Lamproie est commune dans l'Anglin, la Creuse, la Bouzanne, la Théols et dans quelques ruisseaux qui se jettent dans ces rivières ; elle est moins commune dans la Claise, l’Indre, le Fouzon et le Cher. Elle vit dans la vase et dans le sable et se nourrit de petits Vers, d'Insectes, de détritus et d'une foule de petits animaux aquatiques. Elle fraye en avril ; à cette époque on voit les Lamproies circuler à la poursuite les unes des autres et on trouve de nombreux sujets qui viennent, en troupes de 15 à 20, se fixer par leur bouche aux pierres et aux rochers, près des rives.

Dans la Creuse, à Argenton, il est très facile de se procurer cette Lamproie et sa Larve en fouillant, au moyen d'une pelle, la vase et le sable des bords de la rivière. Elle vit bien en captivité si on a soin de mettre une grande quantité de sable fin dans l'aquarium qu'elle habite et si on lui donne une nourriture suffisante.

Les pêcheurs ne la mangent pas ; elle sert d'amorce pour capturer d'autres Poissons.

Nous pensons que cette espèce reste dans l'eau douce et ne va pas à la mer ; pourtant, comme on prend ordinairement beaucoup plus de Larves que de vieux sujets, il peut arriver que ces derniers descendent jusqu'à l'Océan.

 

 


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