BATRACIENS ANOURES

Famille des Pélobatidés

GENRE PÉLOBATE, Pelobates - Wagler.

Crâne bombé, épais, rugueux ; museau peu allongé ; de petites dents à la mâchoire supérieure et au vomer ; pas de parotides ; peau lisse, légèrement granuleuse par endroits ; quatre doigts non palmés aux membres antérieurs ; cinq orteils palmés aux membres postérieurs ; une lame cornée tranchante sous le pied, au métatarse ; membres postérieurs peu allongés.

Le mâle a les membres antérieurs plus forts que la femelle et porte sur le bras, au moment du rut, une plaque ovalaire lisse qui remplace les brosses copulatrices ; il n'a pas de sac vocal.

* — Pélobate brun, Pelobates fuscus - Wagler.

Pélobate brun, Pelobates fuscus

Nous n'avons pas encore, dans l'Indre, mis la main sur le Pélobate brun ; on le trouvera, nous pensons, dans le nord ou le nord-ouest du département.

C'est du 15 mars au 30 avril, au moment de l'accouplement, qu'on peut s'emparer de cette espèce en raclant, au moyen d'un troubleau, le fond des grandes mares aux eaux limpides ; à cette époque, lorsqu'on se rend de bon matin près des eaux qu'elle habite, il n'est pas rare d'entendre son faible chant : clo-clo, clo-clo, clo-clo-clo. On peut aussi capturer son énorme Têtard en mai, juin ou juillet.

Notre ami M. Héron-Royer nous a envoyé, en juin 1891, plus de deux cents Têtards à la troisième période qu'il avait capturés dans l'Indre-et-Loire, aux environs d'Amboise ; nous les avons élevés jusqu'à l'état parfait en les nourrissant d'Escargots écrasés et de Veau cru haché menu et mélangé de feuilles de salade ; au commencement d'août, ils étaient tous transformés et hors de l'eau. Nous avons gardé un certain nombre de sujets dans notre jardin et nous avons mis les autres en liberté aux environs d'Argenton ; nous espérons que cette espèce restera et se reproduira dans le pays.

Dans notre jardin, nos Pélobates sortent la nuit pour chasser les Insectes, les Vers et restent sous terre durant le jour. L'été, lorsque la terre est très sèche, ils s'enfoncent profondément pour avoir l'humidité nécessaire à leur existence ; en automne et en hiver, ils font de même pour se mettre à l'abri du froid, restent enfouis pendant toute la mauvaise saison et reprennent leur vie active au printemps.

Pour faciliter les recherches, nous donnons le signalement de l'adulte et de la Larve de cette intéressante espèce.

Adulte : Parties supérieures d'un brun foncé et d'un brun clair ; cette dernière teinte formant ordinairement sur les flancs des sortes de bandes larges et irrégulières qui convergent vers la tête ; une large bande d'un brun clair sur la ligne médiane ; quelques points rouges sur les membres et les flancs. Parties inférieures blanches, légèrement jaunâtres sous les membres postérieurs, avec des taches noirâtres à peine visibles. Iris doré, pupille verticale. Talon muni d'une lamelle cornée, blanchâtre, dure et tranchante, qui sert à l'animal à s'enfouir sous terre, à reculons. Tête et corps : 0 m. 055 ; membre postérieur : 0 m. 070.

Têtard à la troisième période : 0 m. 095 à 0 m. 12 du bout du museau au bout de la queue ; spiraculum ouvert sur le côté gauche du corps. Brun foncé, nageoire sans taches.

Arrivé à l'état parfait, le jeune Pélobate a 0 m. 030 à 0 m. 032 du museau à l'anus et il prend le costume de ses parents ; à deux ans, il est presque aussi grand qu'eux ; à trois, il est adulte.

GENRE PÉLODYTE, Pelodytes - Fitzinger.

Museau un peu plus allongé que dans le genre précédent ; de petites dents à la mâchoire supérieure et au vomer ; peau granuleuse, lisse sous la gorge et la poitrine ; quatre doigts non palmés aux membres antérieurs ; membres postérieurs allongés, ayant cinq orteils très peu palmés.

Le mâle a les membres antérieurs un peu plus forts que ceux de la femelle et est muni d'un sac vocal interne. Il porte, au moment du rut, des brosses copulatrices au menton, aux doigts internes, au bras, à l'avant-bras, à la poitrine, et d'autres très petites brosses au ventre et aux orteils.

7. — Pélodyte ponctué, Pelodytes punctatus - Dugès.

Pélodyte ponctué, Pelodytes punctatus

Parties supérieures d'un brun clair verdâtre plus foncé par endroits, marquées de grandes taches d'un vert plus ou moins sombre, les parties claires formant un X sur le dos ; parfois les taches vertes sont à peine visibles. Parties inférieures blanchâtres, jaunâtres sur l'abdomen et décolorées sous les cuisses et les jambes. Iris doré dans sa moitié supérieure et brun doré dans sa moitié inférieure ; pupille verticale. Tête et corps : 0 m. 033 à 0 m. 041 ; membre postérieur : 0 m. 058 à 0 m. 065. Forme svelte.

Cette espèce n'est pas rare dans l'Indre. Nous l'avons capturée sur les hauteurs situées entre Argenton, Saint-Marcel et les bois de Nuits ; nous l'avons aussi rencontrée à Douadic. M. Héron-Royer l'a trouvée dans la plaine située entre Argenton, le Pêchereau et le Vivier ; René Parâtre l'a prise à Châteauroux, Villers, Vineuil et Villegongis.

Le Pélodyte ponctué se montre dès les premiers jours de mars et s'accouple aussitôt. Le mâle, bien caché dans une haie ou dans les herbes, près de l'eau, lance ses notes d'une voix chevrotante : crain-crain, crain-crain, crouix-crouix ; on croirait entendre une porte mal graissée ou le craquement des chaussures. Dès qu'une femelle se présente, un mâle la saisit à la région lombaire, et le couple se promène dans le fossé ou dans la mare jusqu'à ce que la femelle soit disposée à pondre. Les amoureux choisissent, à une faible profondeur, un brin d'herbe ou un morceau de bois mort fixé solidement et ils enroulent dessus les cordons d'œufs fécondés par le mâle ; très souvent, les cordons se rompent et les époux vont plus loin déposer un autre fragment de ponte ; ils continuent ainsi jusqu'à ce que tous les œufs soient évacués. La ponte a lieu principalement la nuit, mais se termine souvent pendant le jour. La glaire des cordons gonfle et bientôt on ne voit plus les spirales ; le brin d'herbe, muni du paquet d'œufs, ressemble alors à une petite quenouille. Le vitellus est brun très foncé dessus et blanchâtre dessous ; cette dernière teinte brunit très vite. Le Pélodyte a la déplorable habitude de pondre dans les fossés ; aussi, s'il survient une période de sécheresse, l'eau disparaît et les Têtards périssent ; il meurt ainsi, presque chaque année, des milliers de Larves de cette espèce.

Ce joli Batracien, agile et gracieux, reste ordinairement caché pendant le jour sous les pierres, sous les racines des arbres, dans les fortes haies ou dans le petit trou qu'il s'est creusé ; au crépuscule, il sort de son abri et s'en va à la recherche des Insectes et des Vers. À l'automne, dès que les froids commencent, il se réfugie sous terre, dans les trous des vieilles murailles, dans les carrières, et y passe la mauvaise saison.

Nous nourrissons les Pélodytes que nous avons dans nos cages au moyen de Blattes et de petits Lombrics.

Métamorphoses. — Le 6 mars 1893, nous trouvons les fragments d'une ponte fraîche dans les petits fossés du plateau situé entre la Caillaude et le Génétoux, près d'Argenton ; nous les plaçons dans un de nos bassins. Les premiers Têtards sortent de la glaire le 11 mars et les derniers le 13 ; ils sont tous suspendus aux cordons albumineux et font quelques mouvements de corps ; leur coloration est brunâtre et leur queue très petite. En quelques jours, les yeux, la bouche, les viscères, l'anus se forment ; les branchies externes paraissent, disparaissent et deviennent internes ; le spiraculum a son ouverture sur le côté gauche du corps ; la queue se développe, ainsi que la nageoire. Les petits Têtards quittent les cordons et vont se fixer, par bandes nombreuses, sur les plantes aquatiques qu'ils ne tardent pas à brouter ; le 19 mars, la première période est terminée. Le 3 avril, les Larves, d'un brun noirâtre, ont 20 millimètres de longueur ; la deuxième période va se terminer, car chez beaucoup d'entre elles on aperçoit, au microscope, les bourgeons qui formeront les membres postérieurs. Le 15 avril, elles ont 26 millimètres ; leur nageoire caudale est presque incolore ; leurs bourgeons allongent. Le 30 avril, elles ont 33 millimètres ; leur peau est assez transparente ; elles sont d'un brun foncé en dessus et, chez quelques-unes, on commence à apercevoir les dessins particuliers à cette espèce ; en dessous elles ont des taches métalliques par endroits ; la membrane de leur queue est sans taches ; les bourgeons allongent toujours. Le 10 mai, les plus fortes Larves ont 45 millimètres ; les membres postérieurs se développent et on voit les bourgeons qui formeront les orteils. Elles sont d'un brun noirâtre en dessus et les dessins qui ornent la tête, le dos et les flancs paraissent de plus en plus ; ces dessins bizarres sont composés de lignes pointillées jaunâtres qui donnent un charmant aspect à ces belles et gracieuses Larves. Elles sont noirâtres en dessous et marquées de larges taches métalliques assez nombreuses ; leur membrane caudale est large, longue et très légèrement maculée et noirâtre. Le 1er juin, les Larves à la troisième période ont 56 millimètres ; elles sont d'un brun olivâtre en dessus ; les dessins sont très apparents ; elles sont d'un noir bleuâtre en dessous, avec des parties légèrement métalliques ; leur queue est finement maculée de noirâtre ; leurs membres postérieurs sont formés. Quelques sujets sont au début de la quatrième période et ont sorti leur membre antérieur gauche ; d'autres sont à la quatrième période et ont dégagé leur second membre ; d'autres sont à la fin de la quatrième période, n'ont plus qu'un petit bout de queue et vont sortir de l'eau. Pendant cette période, la Larve prend de plus en plus le costume de ses parents. Le 3 juin, quelques Larves sortent de l'eau ; elles ont encore une petite queue qui se résorbe vite. Arrivé à l'état parfait, le jeune Pélodyte a 19 millimètres du museau à l'anus ; il est olivâtre en dessus, avec des taches d'un vert sombre ; les flancs sont d'un brun clair, le ventre et la gorge blanchâtres. Du 3 au 17 juin, les transformations sont nombreuses et, ce jour-là, il ne reste plus dans le bassin que neuf Larves à la quatrième période ; le 23 juin, toutes ont quitté l'eau.

Moins les Têtards sont nombreux dans le même bassin ou dans la même mare, plus ils grandissent vite. Nous avons mis dans un bassin, quelques jours après leur naissance, deux Têtards provenant de la ponte dont nous venons de donner le développement. Le 30 avril, ils ont 54 et 60 millimètres de longueur et sont sur le point de passer à la quatrième période. Le 10 mai, il sont à la fin de la quatrième période et vont sortir du bassin. Nous les plaçons dans un aquarium muni d'un rocher ; ils sortent de l'eau le 12 mai et sont à l'état parfait le 15. Après leur transformation, ils mangent avec avidité les Pucerons que nous leur donnons.

 


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