BATRACIENS ANOURES

Famille des Bombinatoridés

GENRE SONNEUR, Bombinator - Wagler.

Museau assez court ; des dents à la mâchoire supérieure et au vomer ; pas de parotides ; peau très verruqueuse en dessus, presque lisse en dessous ; quatre doigts non palmés aux membres antérieurs ; membres postérieurs peu allongés, ayant cinq orteils palmés. Le mâle est légèrement plus petit que la femelle, a les membres antérieurs un peu plus forts et porte des brosses copulatrices aux doigts internes, à l'avant-bras et même aux orteils, au moment du rut. Il n'a pas de sac vocal.

8. — Sonneur à pieds épais, Bombinator pachypus - Fitzinger.

Sonneur à pieds épais, Bombina variegata

Parties supérieures brunes ou d'un brun grisâtre ; parties inférieures jaunes ou d'un jaune orangé, marbrées de grandes taches d'un noir bleuâtre ou légèrement grisâtre. Iris brun doré ; pupille triangulaire. Tête et corps : 0 m. 047 à 0 m. 049 ; membre postérieur : 0 m. 051 à 0 m. 055.

Pendant la belle saison, le Sonneur est très commun dans toutes les petites mares et dans la plupart des fossés. Il est peu sauvage et on le voit presque toujours revenir à la surface, après un premier plongeon, et rester longtemps immobile, les jambes écartées. Il est très curieux et aime à se rendre compte du bruit qui l'inquiète : pendant la grande sécheresse du printemps et de l'été de 1893, lorsque nous nous rendions sur l'emplacement des mares desséchées, nous voyions sortir des fissures du sol une foule de malheureux petits Sonneurs qui disparaissaient après avoir constaté notre présence et s'enfonçaient de nouveau sous terre pour y trouver l'humidité dont ils avaient besoin.

Cet Anoure paraît ordinairement aux premiers jours d'avril, mais nous l'avons plusieurs fois rencontré pendant les derniers jours de mars, se chauffant aux rayons du soleil, sur le bord de l'eau. Il s'accouple d'avril à la fin de juillet, mais principalement en mai, juin et dans la première quinzaine de juillet ; c'est pendant cette longue période qu'on peut entendre son chant peu bruyant : hue ; heu, heu ; hou, hou ; ou bien encore é, é, é, é, é..., voi, voi, voi…, para, para, dits d'une petite voix très faible. Bien souvent, assis sur le bord d'un fossé, nous avons entendu le chant de plusieurs Sonneurs se répondant et lançant leurs petites notes de ventriloques ; ces voix ressemblaient à s'y méprendre au bruit affaibli d'une chasse aux Chiens courants passant dans le lointain.

Après une forte pluie, le lendemain ou le surlendemain, lorsque les fossés sont encore pleins d'eau, le Sonneur s'accouple et fixe ses œufs sur les herbes, non loin de la surface, par groupes de 3 à 10, quelquefois plus. La ponte a ordinairement lieu dans la soirée et la femelle dépose, en quelques heures, de 200 à 300 œufs dont le vitellus est grisâtre ou brun clair en dessus et blanchâtre en dessous ; on trouve assez souvent des œufs isolés. Nous croyons que parfois les femelles ne pondent pas tous leurs œufs pendant la même soirée et qu'elles s'accouplent de nouveau quelques jours plus tard.

Le Sonneur se nourrit de Lombrics, de Mollusques, d'Insectes aquatiques et de leurs Larves.

Il est très venimeux et l'action de son venin nous a souvent occasionné, lorsque nous avions de petites écorchures aux doigts, une légère enflure assez douloureuse, mais qui disparaît vite. Lorsqu'on le tourmente et qu'on le jette en l'air, il reste sur le sol pendant plusieurs minutes, les poings sur les yeux, l'échine cambrée et les jambes repliées près des cuisses qui elles-mêmes touchent le corps.

Vers la fin de septembre ou en octobre, cette espèce s'enfonce sous terre, dans les trous ou les moindres fissures, où elle demeure pendant le reste de l'automne et tout l'hiver.

Métamorphoses. — Le 23 mai 1892, nous prenons, dans un fossé bordant la route d'Argenton au Pêchereau, les grappes d'une ponte fraîche et nous les plaçons dans un de nos bassins. Les premiers Têtards sortent de l'œuf le 28 mai, les derniers le 29. Lorsque le Têtard naît, il a la nageoire caudale assez développée ; ses mouvements sont vifs, mais de temps à autre il se repose sur le flanc et reste longtemps dans cette position ; il est d'un brun grisâtre ; l'œil est presque formé, les branchies externes sont assez développées. En cinq jours, la bouche, les viscères, l'anus se forment, la peau devient transparente ; la nageoire se développe ; les branchies deviennent internes ; le spiraculum, ou plutôt les spiraculums se rejoignent et forment une seule ouverture sur la ligne médiane du dessous du corps. Le petit Têtard commence à brouter les plantes aquatiques ; il est à la deuxième période. Bientôt les bourgeons qui doivent former les membres postérieurs, indices de la troisième période, sont visibles au microscope. Le 10 juin, la Larve a 22 millimètres de longueur ; la peau, très transparente, laisse voir une petite dépression entre la tête et le corps, qui sont noirâtres. Le 20 juin, elle a 25 millimètres ; les bourgeons ont un peu allongé. Le 30 juin, elle a 29 millimètres ; la nageoire est maculée de petites taches noirâtres. Le 10 juillet, les plus fortes Larves ont 30 millimètres ; les membres postérieurs commencent à se former et on voit les bourgeons qui formeront les orteils ; elles sont d'un brun noirâtre ; le dessous du corps est légèrement marqué de taches métalliques. Le 20 juillet, elles ont 33 millimètres ; les membres postérieurs se développent, les orteils se forment. Le 31 juillet, les plus forts Têtards ont 35 millimètres ; les membres postérieurs et les doigts sont formés. Toutes les Larves de la ponte sont encore à la troisième période, sauf une qui est à la quatrième. Cette dernière Larve est brune et se couvre de tubercules en dessus ; le dessous des pieds commence à prendre une teinte jaunâtre ; la pupille devient de plus en plus triangulaire. Elle sort de l'eau le 4 août, encore munie d'un petit bout de queue ; nous la mettons en cage, et sa queue est entièrement résorbée le 6 août. Lorsque le jeune Sonneur arrive à l'état parfait, il a 16 millimètres du museau à l'anus ; il est brun en dessus, avec des marbrures plus foncées qui paraissent légèrement verdâtres ; en dessous, il est marbré de noir et de gris foncé légèrement verdâtre ; cette dernière teinte deviendra jaune en peu de temps ; le dessous des membres est déjà jaunâtre et le dessous des pieds et des mains est jaune. Le 10 août, des Larves sont à la troisième période, d'autres à la quatrième, d'autres à la fin de la quatrième période ; depuis le 31 juillet quelques-unes ont quitté l'eau. Du 10 au 20 août, de nombreux sujets arrivent à l'état parfait ; il reste encore à l'eau une vingtaine de Larves aux troisième et quatrième périodes. Le 20 août, nous plaçons dans un aquarium un sujet à la troisième période, mais sur le point de passer à la quatrième ; dans la soirée il est au début de la quatrième période et quelques instants après il dégage son second membre antérieur ; il sort de l'eau le 25 août et se place sur le rocher de l'aquarium ; sa queue est entièrement résorbée le 29 août. Le 31 août, il y a encore dans le bassin deux Larves de 39 millimètres à la troisième période et quelques autres sujets à la quatrième période. Le 10 septembre, il n'y a plus qu'une Larve ; elle sort de l'eau le 12 septembre et arrive à l'état parfait le 18 du même mois.

Les petits Sonneurs s'éloignent peu de l'eau après leur transformation ; ils y reviennent souvent et habitent la plupart du temps sur les herbes des bassins, près des bords.

 


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