MAMMIFÈRES
Ordre III. — Rongeurs
Les Rongeurs ont les incisives très développées, et les molaires à tubercules plus ou moins aplatis ou à proéminences formant des lignes brisées ; ils n'ont pas de canines. Les oreilles, le museau et les yeux varient comme longueur ou grandeur selon les différentes espèces. Chaque patte a quatre ou cinq doigts pourvus d'ongles ; le pouce est parfois rudimentaire.
Famille des Sciuridés
GENRE ÉCUREUIL, Sciurus - Linné.
Tête large, museau court ; oreilles de moyenne grandeur, couvertes de poils très longs en hiver ; yeux grands. Deux incisives légèrement brunâtres à chaque mâchoire, molaires blanches. Corps assez allongé ; queue longue, couverte de longs poils, distique ; membres de moyenne grandeur, terminés par des doigts allongés munis d'ongles longs, aigus et recourbés ; le pouce des membres antérieurs est très petit.
21. — Écureuil commun, Sciurus vulgaris - Linné.
Écureuil roux, Sciurus vulgaris
Pelage roux vif, roux brun, brun noirâtre ou grisâtre, avec les longs poils des oreilles et de la queue plus foncés ; gorge, dessous de la poitrine et abdomen blancs. En été, le pelage est plus court, souvent plus roux, et les oreilles ne portent pas leurs longs poils. Tête et corps : 0 m. 25 ; queue : 0 m. 23.
L'Écureuil est commun dans la plupart de nos bois. Vif, souple, agile et gracieux, il passe la plus grande partie de son temps sur les arbres, juché sur une branche ou bien encore blotti dans un de ses nids. Découvert, il se livre aussitôt à une gymnastique effrénée, fantastique, saute de branche en branche et d'arbre en arbre avec une rapidité vertigineuse et finalement s'allonge derrière une branche élevée, reste dans cette position tant qu'il y a du danger, et tourne autour de la branche de façon à être toujours caché si l'ennemi se déplace. Blessé, il se défend avec rage et mord cruellement. À terre, il court avec rapidité, mais comme il est essentiellement arboricole, il grimpe avec célérité le long des troncs et se réfugie sur les hautes branches dès qu'il est effrayé. Chaque couple bâtit cinq ou six nids qu'ils placent à la naissance d'une grosse branche ou au sommet d'un arbre. Le nid se compose de trois sortes de matériaux : une grande quantité de filaments très souples, arrachés à l'écorce des arbres, tapisse l'intérieur ; une épaisse couche de mousse entoure ces filaments ; enfin des ramilles, souvent encore couvertes de leurs feuilles, sont fixées dans la mousse et donnent une certaine solidité à l'édifice. Une petite ouverture est ménagée sur l'un des côtés du nid, non loin du sommet. Nous avons capturé le mâle et la femelle dans le même nid, mais ordinairement ils habitent chacun de leur côté. Nous avons tué des quantités d'Écureuils ; dans les nombreux nids que nous avons détruits, nous trouvions parfois un seul sujet, rarement le couple ; au moment des grands froids, il n'en est pas ainsi, et il nous est arrivé de rencontrer jusqu'à cinq individus bien adultes dans le même abri. Nous n'avons jamais trouvé de provisions dans les nids. À l'automne, l'Écureuil ramasse les cônes de pin, les glands, les faînes, les châtaignes, les noix, les noisettes dont il se nourrit pendant la mauvaise saison, et c'est dans un arbre creux, sous les racines, dans de fortes haies, sous des pierres, qu'il établit sa cachette ; il lui rend de nombreuses visites, ainsi que le témoigne son estomac toujours plein. Assis sur le derrière, avec ses membres antérieurs il porte la graine à sa bouche, la tourne et la retourne, enlève rapidement l'enveloppe et mange le contenu en poussant de petits soupirs de satisfaction. Si les provisions s'épuisent, il fait de longues courses à la recherche de sa nourriture ; sa piste, sur la neige, nous a souvent entraînés fort loin. Il ne s'engourdit pas l'hiver et déguerpit aussitôt qu'il entend monter à son arbre ; pourtant, avec de minutieuses précautions, il nous est arrivé de le surprendre pendant son sommeil, mais alors il se réveille aussitôt, et gare aux morsures !
L'accouplement a lieu en février, mars et avril. En examinant au microscope les organes génitaux de quelques femelles tuées dans les premiers jours de mars, nous avons vu des spermatozoïdes provenant d'un accouplement récent ; à la même époque nous avons trouvé des femelles sur le point de faire leurs petits. Après une gestation d'environ un mois, la femelle met bas, dans un de ses nids, de trois à cinq petits dont les yeux ne s'ouvrent qu'au bout de quelques jours et qui grandissent assez vite.
Depuis quelques années, les Écureuils sont bien plus répandus qu'autrefois en Poitou et en Berry ; leur nombre ne cesse d'augmenter, car on les pourchasse peu, et ils se défendent à merveille contre les Oiseaux de proie, les Chats et les Martes.
Ce Rongeur est nuisible. Il dévore les bourgeons, souvent même les jeunes pousses des conifères et arrête leur développement normal ; il recherche les nids d'Oiseaux et détruit les œufs de la Perdrix rouge, à tel point qu'en certains pays cette Perdrix a à peu près disparu à mesure que les Écureuils se multipliaient.
En captivité, il reste farouche s'il a été capturé quelques semaines après sa naissance ; s'il a été pris très jeune, il devient familier. Nous avons gardé, pendant plus de huit ans, des Écureuils que nous avions élevés au biberon ; ils nous suivaient comme des Chiens dans notre maison et notre jardin, et avaient la curieuse habitude de s'installer au sommet de notre tête pour grignoter les noisettes que nous leur donnions.