MAMMIFÈRES RONGEURS

Famille des Myoxidés

GENRE LOIR, Myoxus - Schreber.

Deux incisives parfois légèrement teintées de brun à chaque mâchoire ; molaires blanches. Tête assez forte ; museau peu allongé ; oreilles de moyenne grandeur chez le Loir commun et le Muscadin, assez longues chez le Lérot ; yeux assez grands ; corps peu allongé ; queue longue et velue chez les trois espèces, distique et couverte d'assez longs poils chez le Loir commun ; membres de moyenne longueur, terminés par des doigts assez allongés munis d'ongles courts et crochus ; le pouce des membres antérieurs est très petit.

22. — Loir commun ou Loir gris, Myoxus glis - Schreber.

Loir gris, Glis glis

D'un gris à peine teinté de roussâtre, avec le dessous de la tête et du corps d'un blanc immaculé ou parfois très légèrement brunâtre sur le bas des flancs. Tête et corps : 0 m. 14 ; queue : 0 m. 12.

Ce Loir n'est pas très rare dans l'Indre ; on le voit peu, parce qu'il ne quitte guère les grands bois ou les ravins broussailleux et se montre le moins possible. Pourtant, on nous en a apporté un, pris en plein jour sur un cerisier isolé, au moulin de Naillac, près d'Argenton ; ce Rongeur avait peut-être élu domicile dans les rochers des rives de la Creuse.

En septembre 1889, on nous a vendu un beau sujet capturé près d'Usseau, aux environs de Saint-Gaultier. Nous connaissons trois ou quatre captures faites dans la forêt de la Luzeraise, une près de Mézières-en-Brenne, d'autres à Bélâbre.

Il vit de fruits, d'œufs et même de très jeunes Oiseaux, grimpe bien aux arbres et se retire dans les cavités des vieux chênes. Plusieurs personnes nous ont affirmé avoir pris son nid, qui ressemble un peu à celui de l'Écureuil, dans les bois de la Martine, aux environs d'Argenton.

23. — Loir lérot, Myoxus nitela - Schreber.

Lérot, Elyomis quercinus

Parties supérieures d'un brun roussâtre ayant une teinte légèrement violacée ; une tache noire allongée part du museau, enveloppe l'œil, se bifurque en arrivant à l'oreille et se termine au cou ; une tache blanche devant l'oreille, une autre derrière ; queue noire vers sa partie postérieure et blanche à son extrémité. Parties inférieures blanches ou légèrement grisâtres. Tête et corps : 0 m. 12 ; queue : 0 m. 10.

Le Lérot est très commun dans les jardins des campagnes et des villes ; il habite alors dans les trous des vieilles murailles et s'y arrange une couchette composée d'herbes et de plumes. Il est commun dans les bois et les fortes haies ; il aime les contrées couvertes de rochers, dans les cavités desquels il se cache. Lorsqu'il habite les bois ou les haies, il se bâtit un nid de mousse qu'il façonne en forme de grosse boule ; il en tapisse l'intérieur de plumes, s'il se trouve dans un endroit fréquenté par les volailles, et y ménage une petite ouverture bien dissimulée, par laquelle il s'introduit dans sa moelleuse demeure. Comme il est fort intelligent et très paresseux, il recherche les vieux nids de Merle ou de Pie, et c'est presque toujours là qu'il construit son édifice ; souvent aussi il dépose ses matériaux dans une cavité d'arbre.

Nous avons trouvé dans son estomac des fruits, des graines et des Coléoptères ; il mange aussi les œufs des Oiseaux. Il circule ordinairement à la nuit tombante, mais nous l'avons vu en plein jour sur les espaliers qu'il met au pillage, et la présence de l'Homme ne l'effraie pas toujours, car il ne remue pas s'il s'aperçoit qu'il est observé ; comme il est habitué à être fort mal reçu par les jardiniers, il s'enfuit prestement si on fait le simulacre de ramasser une pierre ou si on le menace d'un bâton.

En mai ou juin, la femelle fait de trois à cinq petits qui grandissent assez vite, sont d'abord d'un brun grisâtre et ne tardent pas à prendre la coloration de leurs parents.

À l'automne, le Lérot mange beaucoup, devient très gras et fait ses provisions pour l'hiver ; il se réfugie dans un arbre creux ou dans un trou de mur, s'y engourdit aux premiers froids et passe ainsi toute la mauvaise saison, se réveillant de temps à autre lorsque la température est assez douce et profitant de l'occasion pour grignoter sa réserve. Les maçons qui démolissent les vieux bâtiments trouvent souvent, au plus épais des murs, un interstice rempli de foin, et sur ce lit d'herbes deux ou trois Lérots endormis, absolument inertes et qui ne sortent de leur engourdissement qu'au bout de quelques instants. Nous avons pris des quantités de Loirs de cette espèce au moyen d'assommoirs amorcés avec des prunes sèches ; c'était surtout à la fin d'avril ou au commencement de mai, lorsque le sommeil hibernal était terminé et qu'ils avaient besoin de reconstituer leurs forces, qu'ils donnaient bien dans nos pièges.

Nous avons capturé plusieurs fois des Lérots à queue très courte, large et pourvue de longs poils ; cette monstruosité n'est pas rare chez les sujets que nous prenons à Argenton.

24. — Loir muscardin, Myoxus avellanarius - Linné.

Muscardin, Muscardinus avellanarius

Parties supérieures d'un beau roux clair ; parties inférieures d'un blanc roussâtre. Tête et corps : 0 m. 07 ; queue : 0 m. 06.

Rare. On l'observe de temps en temps dans les bois qui bordent la Creuse, à Oulches ; on l'a même capturé sur les coteaux boisés qui entourent la ville du Blanc. Il ne quitte pas les fourrés d'une certaine étendue, y vit de baies, de noisettes, châtaignes et glands ; à la moindre alerte, il court avec vivacité sur les branches et disparaît dans un trou d'arbre. Il s'engourdit l'hiver dans l'intérieur d'un tronc et peut-être dans le petit nid rond qu'il construit dans les branches des taillis.

 


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