MAMMIFÈRES RONGEURS

Famille des Léporidés

GENRE LIÈVRE, Lepus - Linné.

Douze molaires et quatre incisives à la mâchoire supérieure, les deux petites incisives en arrière des deux grandes ; dix molaires et deux incisives à la mâchoire inférieure ; tête assez grosse ; oreilles très longues, surtout chez le Lièvre commun ; yeux assez grands ; museau court, velu à son extrémité ; corps assez allongé ; queue très courte ; membres antérieurs de moyenne grandeur, munis de cinq doigts ; membres postérieurs plus longs que les antérieurs, munis de quatre doigts ; ongles assez forts et peu arqués ; pieds très velus en dessous.

34. — Lièvre commun, Lepus timidus - Linné.

Lièvre d’Europe, Lepus europaeus

Pelage fauve brunâtre en dessus, composé de poils noirs et de poils fauves sous lesquels on trouve une fourrure d'un blanc grisâtre ; flancs fauves, avec de longs poils noirs et blancs ; dessous de la poitrine et ventre blancs ; oreilles noires à leur extrémité ; des poils blancs se montrent parfois sur les côtés de la tête ; bout du museau fauve ; menton blanc ; gorge et devant de la poitrine fauves ; membres fauves ; queue noire dessus, blanche dessous. Tête et corps : 0 m. 60 ; queue : 0 m. 07.

Le mâle est plus fauve que la femelle ; cette dernière a plus de poils grisâtres. Il a les membres un peu plus longs, la tête plus large, les oreilles moins longues et moins larges que la femelle.

Le Lièvre est encore commun dans le département, malgré la chasse acharnée que lui fait l'Homme avec le fusil, les collets, les Chiens courants, et bien que les Chiens errants, tous les Mustélidés, les Chats, les Renards, les Loups, les Rapaces diurnes et nocturnes en détruisent d'immenses quantités, surtout des jeunes.

Il habite toutes nos campagnes, les champs et les bois, et suivant la température et la saison, se gîte en des endroits variés. Il aime les contrées saines ; pourtant, il se cache parfois dans des endroits tellement marécageux qu'il est presque couché dans l'eau. Il reste ordinairement en repos pendant le jour, tapi dans un sillon ou sous les broussailles ou bien encore dans un taillis ; à la nuit tombante, il circule à la recherche de sa nourriture qui se compose de végétaux. Plusieurs jours de suite, s'il n'est pas dérangé, il retourne, dès les premières lueurs du jour, à l'endroit exact qu'il a choisi pour domicile ou à quelques mètres près de là. Il se déplace par bonds plus ou moins allongés, s'éloigne peu du lieu qu'il habite, et, s'il s'absente pendant quelques jours, il ne tarde pas à revenir dans la contrée.

Le Lièvre est polygame ; les mâles se livrent de violents combats, car ils sont plus nombreux que les femelles. Le rut dure toute l'année, aussi trouve-t-on des femelles pleines en toutes saisons et souvent une femelle s'accouple lorsqu'elle nourrit encore ses petits ; il peut aussi y avoir superfétation. Chaque femelle fait trois ou quatre portées par an, et les jeunes sujets nés en janvier et février reproduisent quelquefois en septembre de la même année. La femelle porte un mois environ ; elle choisit un endroit sec autant que possible et s'arrache quelques touffes de poil sur lesquelles elle dépose deux, trois ou quatre petits velus, dont les yeux s'ouvrent au bout de quelques instants ou de quelques heures. Elle allaite à peine un mois ; pendant ce temps, elle habite à cent ou deux cents mètres de sa progéniture et ne se rend à son nid que pour nourrir ses petits, qu'elle abandonne dès qu'ils sont sevrés. Les jeunes Lièvres, quelques jours après leur naissance, se dispersent, sans toutefois s'éloigner beaucoup du nid, et la mère, la nuit, fait entendre un cri particulier pour les rassembler et les allaiter.

Dans l'Indre, on a constaté plusieurs fois des cas d'albinisme complet ou partiel chez le Lièvre.

35. — Lièvre lapin, Lepus cuniculus - Linné.

Lapin de garenne, Oryctolagus cuniculus

D'un brun noirâtre en dessus, d'un brun grisâtre sur les flancs ; extrémité du museau d'un brun noirâtre ; gorge d'un blanc légèrement grisâtre ; dessous du cou et devant de la poitrine d'un brun grisâtre ; dessous de la poitrine et ventre blancs, ainsi que la face interne des membres ; queue noirâtre dessus, blanche dessous. Tête et corps : 0 m. 40 ; queue : 0 m. 06. La femelle est plus grise et a la tête moins large que le mâle.

Excessivement commun en quelques endroits, rare ou n'existant pas en d'autres, le Lapin se creuse des terriers à plusieurs ouvertures dans les endroits secs où la terre peut être travaillée facilement et il y vit en société plus ou moins nombreuse ; il aime aussi à se cacher dans les cavités des rochers.

Là où ils ne sont pas inquiétés par les Renards et les Chiens, et là où foisonnent les Belettes et les Putois, les Lapins ont pris l'habitude de vivre sans terrier ; s'ils sont poursuivis, ils rusent au milieu des buissons ou se jettent dans un trou de hasard.

Le Lapin se nourrit de végétaux, et quoiqu'il circule la nuit comme le Lièvre, il a des habitudes moins nocturnes que ce dernier. Il est polygame, reproduit en toutes saisons, et les mâles étant plus nombreux que les femelles, il y a parfois de terribles batailles. La femelle porte un mois environ ; quelques jours avant la mise bas, elle creuse un trou au fond duquel elle entasse parfois quelques herbes sèches et qu'elle garnit toujours d'une épaisse couche de ses poils ; c'est là-dessus qu'elle fait de trois à sept petits qui naissent presque nus, n'ouvrent les yeux qu'au bout de quelques jours, et restent plus longtemps au nid que les jeunes Lièvres. Elle nourrit à peine pendant un mois, s'éloigne peu de son trou, et, avant de sortir, elle a soin de recouvrir sa progéniture au moyen des poils qui tapissent son nid. Elle fait de quatre à six portées par an ; les jeunes peuvent se reproduire au bout de quelques mois.

Nous ne connaissons pas d'exemple de Lapin sauvage blanc ; en revanche, les Lapins noirs ne sont pas excessivement rares ; nous en avons pris et vu prendre à Lérignon, à Mérigny, au Blanc, à Luant, à Saint-Marcel et à Argenton.

On chasse le Lapin au fusil, à l'aide de Chiens courants ; lorsqu'il se terre, on le fait sortir au moyen de Furets dressés pour cet usage.

En captivité, le Lièvre lapin peut reproduire avec le Lièvre commun.