OISEAUX RAPACES Rapaces diurnes ou Falconidés

Famille des Circinés

GENRE BUSARD, Circus - Lacépède.

Bec moins long que la tête, assez fort, se recourbant dès sa base, mais moins brusquement que dans le genre précédent ; tarses et doigts allongés, ongles forts ; queue longue et un peu arrondie.

17. Busard harpaye, ou de marais, Circus aeruginosus - Savig.

Busard des roseaux, Circus aeruginosus

Dessus du corps brun foncé ; tête roussâtre, une très légère collerette sur les côtés de la tête ; grandes couvertures des ailes et queue d'un cendré bleuâtre ; dessous roux clair, avec des taches brunes allongées ; abdomen et cuisses roux vif ; cire, tarses et doigts jaunes ; iris jaune ou brun rougeâtre ; bec noirâtre. Le mâle très adulte a une coloration plus sombre.

Taille : 0 m. 55 à 0 m. 60.

Le Busard harpaye habite les plaines de bruyères et les marécages. Il est rare dans les lieux secs et bien cultivés, il ne fait qu'apparaître de temps en temps sur les étangs isolés, il est très commun dans les marais vastes et sauvages.

Il se plaît beaucoup dans les arrondissements du Blanc et de Châteauroux, pays remplis de brandes et d'étangs ; on l'y voit toute l'année en nombre, et s'il y a, à certains moments, émigration individuelle, l'espèce demeure aussi nombreuse en toutes les saisons ; il est de même probable qu'il ne quitte pas son pays de chasse ordinaire et ne fait qu'exceptionnellement des excursions peu lointaines ; on voit toujours les mêmes Busards sur les mêmes étangs.

C'est un Oiseau assez vigoureux, bien armé, défiant, extrêmement vorace. Il chasse presque tout le jour, seul ou à deux, explorant d'un vol tranquille et peu élevé les joncs et les touffes d'herbes aquatiques, visitant l'un après l'autre ses étangs habituels, en suivant les mêmes coulées et la même route, se posant parfois sur une motte ou dans l'eau peu profonde. Il passe alors près des Foulques ou des bandes de Sarcelles sans faire mine de les attaquer ; il sait qu'il aurait de la peine à les saisir et qu'il faudrait vivement les poursuivre ; le gibier qu'il recherche, ce n'est pas le gibier vivant, valide et vigoureux.

Au moment des passages, il se nourrit presque exclusivement d'Oiseaux morts ou blessés qu'il trouve sur le bord de l'eau. Dès qu'il apparaît au-dessus d'un étang, il aperçoit bien vite le cadavre de Canard ou de Bécassine qui flotte sur les vagues ou qui s'est échoué sur la rive et il découvre presque toujours le Vanneau blessé, tapi dans les herbes : il s'abat obliquement sur cette proie et la dévore sur place. Nous ne l'avons jamais vu emporter un animal, soit pour le dépecer au loin, soit pour le porter à sa femelle. Un de nos amis a pourtant abattu, le 17 septembre, une grosse femelle qui emportait un petit Poulet.

La chasse consiste pour lui à battre soigneusement le marais, à laisser de côté les Oiseaux capables de fuir, et à poursuivre ceux privés de leurs moyens de défense, à ramasser les morts et à finir les blessés.

En certaines circonstances, le chasseur de marais perd, comme chacun sait, une énorme quantité de gibier, parce que l'animal atteint va tomber mort au loin ou conserve assez de force pour échapper au Chien. Presque tout ce gibier devient la proie du Busard. La rive des étangs de la Brenne est toujours jonchée de débris de Canards, de Vanneaux et de Foulques qu'il a ainsi dévorés. Le voyez-vous, rasant le sommet des grands joncs et brodant avec son vol les sinuosités du rivage. Bien Rarement il se précipitera sur la Foulque qui plonge à son approche ou sur les troupes de Sarcelles babillardes ; mais si vous l'apercevez tout à coup fondre sur un Oiseau, tenez pour certain que le malheureux est malade ou blessé. Le Busard l'a reconnu sien et il le prendra infailliblement.

Il ne faudrait pourtant pas nier que, poussé par la faim, il n'essaie jamais de capturer un Oiseau valide, mais ce doit être rare parce que les Oiseaux d'eau ne paraissent pas le redouter beaucoup et ne plongent ou s'envolent que pour éviter son atteinte immédiate. Les Poules d'eau, ces Oiseaux qu'on dirait toujours blessés, sont peut-être le seul gibier qu'il sait capturer ; c'est en effet le seul qui semble craindre beaucoup le Busard.

À défaut d'Oiseaux morts ou blessés, le Busard harpaye se nourrit de Poissons morts, de Mulots, de Campagnols et de Grenouilles. Nous avons fréquemment trouvé deux ou trois Mulots dans l'estomac des Busards que nous avons ouverts, plus rarement des Grenouilles et des Orvets.

Dans la saison des nichées il devient un forcené destructeur d'œufs et de jeunes Oiseaux. Il trouve là un gibier sans défense qu'il ne ménage pas, avalant en leur entier les petits œufs, brisant à coups de bec ceux des Canards et des Foulques, saisissant les petits dans les nids et parmi les herbes. Aussi, est-ce probablement à cause de lui, comme le fait remarquer Brehm, que la plupart des Oiseaux de marais cachent soigneusement leurs œufs dans les matériaux du nid.

Ses habitudes sont bien caractéristiques : il n'aime point à poursuivre un voilier, il préfère l'office de croquemort et se plaît aux pays d'étangs parce qu'il y trouve une pâture plus abondante que partout ailleurs. Du reste il est partout le même : dans les garennes il se nourrit presque exclusivement de Lapins égorgés par les Belettes et les Hermines.

Il crie rarement. Son nid est construit avec des bûchettes et quelques débris de roseaux. Il le place presque toujours dans une brande épaisse ou un buisson ; quelquefois il le bâtit dans les joncs. Le 21 juillet 1874, M. de Lesparda a tué, sur l'étang de la Feuillée, près de Tendu, une femelle s'élevant de son nid établi sur l'eau au milieu d'une grosse touffe de joncs. Ce nid contenait un seul petit, avec un jeune Merle mort que la mère y avait apporté.

Il pond trois, quatre ou cinq œufs d'un blanc sale, très rarement tachés de brun pâle, et mesurant 50 millimètres de longueur.

Les jeunes Harpayes semblent beaucoup plus communs que les vieux ; d'abord parce que ces Oiseaux ne prennent que fort tard la livrée d'adultes et parce que les très vieux sont tellement méfiants et rusés qu'il est très difficile de les approcher. La collection Mercier-Génétoux possède de magnifiques sujets adultes, dont deux mâles entièrement d'un noir de velours.

18. Busard Saint-Martin, Circus cyaneus - Boïe.

Busard Saint-Martin, Circus cyaneus

Mâle : parties supérieures d'un cendré clair bleuâtre ; grandes rémiges noirâtres ; une légère collerette ; parties inférieures blanches, avec la gorge et la poitrine d'un cendré bleuâtre clair ; cire, tarses, doigts et iris jaunes ; bec noirâtre.

Taille : 0 m. 50 à 0 m. 60.

Femelle : brune en dessus avec des taches rousses ; une collerette bien marquée ; yeux entourés de plumes blanchâtres ; fauve en dessous, avec des taches brunes allongées.

Le Busard bleuâtre n'est pas rare dans l'Indre en toutes les saisons. Il n'émigre pas, et nous connaissons tel Busard de cette espèce que nous avons vu cent fois, en hiver et en été, le soir et le matin, pendant trois ans, chasser près de la même route. Ce Busard était évidemment un seul et même individu, il ne changeait pas de pays de chasse ; nous ne sommes jamais passés sur son territoire sans le rencontrer deux fois sur trois et nous avons été étonnés de voir combien peu ce Rapace étendait ses excursions.

Le Saint-Martin chasse seul ou à deux, crie rarement, vole avec grâce et lenteur à une faible élévation, et bat soigneusement le terrain à la manière des chercheurs de Lièvres.

Nous n'avons jamais vu le Harpaye attaquer la Perdrix valide, nous avons vu bien des fois le Saint-Martin fondre sur les compagnies adultes, qui le craignent et à son approche se précipitent dans les buissons épais. Il serait toutefois plus hardi qu'adroit, car il manque presque toujours son coup. Si nous l'avons surpris en train de plumer de grosses Perdrix rouges qu'il avait pu trouver blessées, nous n'avons pas eu l'heur de l'en voir capturer une. Ce qui paraît certain, c'est qu'il prend facilement les petits Perdreaux et que, comme il arrive à tous les chasseurs, il a beaucoup de peine à réussir à l'arrière-saison.

Il fait son nid dans les brandes épaisses des bois ; ses œufs, au nombre de trois à cinq, sont d'un blanc bleuâtre sale, quelquefois tachés de brun pâle, et ont 42 millimètres de longueur.

Il est encore plus défiant que le Harpaye. Il paraît dédaigner les Insectes et chasser surtout les Cailles, les Bécassines, les Râles, les Poules d'eau, les Sarcelles, les Alouettes, les jeunes Oiseaux, les Campagnoles, les Lézards et les Orvets. Il dévore peu d'Orthoptères, quoi qu'on ait dit, il laisse cette nourriture à son voisin, le Montagu. Vingt fois, nous avons disséqué en même temps un Saint-Martin et un Montagu tués dans les mêmes parages, dans la même saison ; nous avons toujours constaté, chez le premier, l'absence complète d'Orthoptères et la présence de débris d'Oiseaux, tandis que l'estomac de l'autre contenait, avec une Alouette, une provision de Grillons des champs. M. Fellot, un ornithologiste du Lyonnais, passionné et savant, a fait les mêmes observations.

Le Busard bleuâtre habite nos plaines et nos forêts, il est surtout commun dans les bois de Bélâbre, de Lafa, du Bouchet, de Vendœuvres et des environs d'Argenton.

19. Busard de Montagu, ou cendré, Circus cineraceus - Naumann, ex Montagu.

Busard cendré, Circus pygargus

Plumage du mâle d'un brun cendré légèrement bleuâtre en dessus ; une collerette à peine apparente ; blanc en dessous, avec des taches rousses allongées ; cou et poitrine d'un cendré bleuâtre ; cire, tarses et doigts jaunes ; iris jaune et quelquefois brun ; bec noirâtre.

Taille : 0 m. 50 à 0 m. 52.

La femelle a les parties supérieures brunes avec des taches d'un blanc fauve sur la tête, la nuque et le cou ; les parties inférieures sont d'un fauve très clair avec des taches brunes ; l'œil est entouré de plumes blanchâtres ; l'iris est brun.

Les jeunes sont plus fauves, avec les taches des parties inférieures à peine marquées.

Chez cette espèce, très commune dans l'Indre, les cas de mélanisme ne sont pas rares. Plusieurs fois on nous a apporté des Busards noirs, et la collection Mercier-Génétoux possède de beaux sujets ayant cette coloration.

Quelques Busards cendrés vivent sédentaires dans les bois et les plaines des bords de la Creuse. D'autres nous arrivent, en mars, des pays méridionaux où ils ont passé l'hiver. Dès le 25 mars, ils sont très communs dans tout le département. Ils nichent en avril, le plus souvent dans une vaste brande, au pied des bruyères, et pondent ordinairement cinq œufs mesurant 41 millimètres de longueur, d'un blanc sale, ayant quelquefois des taches brunes à peine visibles.

C'est un Oiseau méfiant, n'aimant guère se percher sur les arbres et préférant une motte de terre dans la plaine, courant parfois sur le sol et assez vite. Il n'évite ni ne recherche les étangs.

Que de fois nous l'avons vu au premier printemps planer lentement sur les prairies où il avalait, dans la matinée, une centaine de Grillons ; plus tard, il poursuit les Rongeurs, les jeunes Oiseaux et les Poussins, pille les nids et attaque les Reptiles. C'est un braconnier très redoutable, aussi dangereux que le Busard Saint-Martin.

Le Busard de Swainson, Circus swainsonii - Smith.

Busard pâle, Circus macrourus

Le Blafard de Temminck doit exister dans l'Indre, sinon comme sédentaire, au moins comme Oiseau de passage irrégulier.

On nous a dit qu'il avait été tué à Mézières et Fairmaire, d'après ses renseignements, était convaincu de son existence dans la vallée de la Creuse. On le trouve, du reste, en Poitou. Nous croyons qu'un jour ou l'autre on devra l'ajouter à la liste de nos Oiseaux, mais nous attendons, pour l'inscrire, la preuve d'une capture authentique dans nos limites.

 


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