OISEAUX

Ordre XI. - Gaviés

Bec formé d'une pièce, courbé ou droit à l'extrémité, et portant dans sa partie dure les trous des narines ; pieds palmés.

Famille des Laridés

GENRE STERCORAIRE, Stercorarius - Brisson.

Bec un peu moins long que la tête, fort et cylindrique, à mandibule supérieure terminée par un onglet crochu ; une cire sur le bec ; queue cunéiforme.

226. Stercoraire pomarin, Stercorarius pomarinus - Vieillot.

Labbe pomarin, Stercorarius pomarinus

Face, vertex, dos, ailes et queue d'un brun très foncé, plumes du cou et de la nuque longues et d'un jaune d'or lustré, gorge et abdomen d'un blanc jaunâtre ; un collier de taches brunes sur la poitrine ; queue avec les deux plumes de son milieu dépassant les autres. Taille : 0 m. 43, sans les filets de la queue.

Le Stercoraire pomarin a été indiqué comme ayant été observé en Brenne par M. Arthur Ponroy dans une note sur les Oiseaux du département. Si le fait est exact, il est à coup sûr très rare.

227. Stercoraire parasite, Stercorarius parasiticus - Gray.

Labbe parasite, Stercorarius parasiticus

Vertex d'un gris foncé ; côtés de la tête, gorge et cou d'un gris clair semé de taches brunes ; un croissant noir devant les yeux ; poitrine d'un gris foncé ; dos, petites et grandes couvertures des ailes d'un brun noirâtre avec l'extrémité de chaque plume liserée de jaunâtre ; ventre blanchâtre tacheté de brun : pennes des ailes et de la queue noirâtres, blanchâtres à leur base et terminées par un liséré blanc ; les deux plumes du milieu de la queue plus longues que les autres. Taille : 0 m. 41, sans les filets.

Le Stercoraire parasite s'est fait tuer deux fois, à notre connaissance, dans le département ; la première fois dans les brandes d'Éguzon par H. Ribaud, et la seconde fois dans les bruyères du Pré Sanain, près d'Argenton, par M. Salmon. Les deux individus figurent dans le cabinet de MM. Mercier-Génétoux.

GENRE GOËLAND, Larus - Linné.

Bec plus court que la tête, comprimé dans toute son étendue, à mandibule supérieure crochue ; queue carrée.

228. Goëland à manteau noir, Larus marinus - Linné.

Goéland marin, Larus marinus

Vertex, occiput et région des yeux blancs avec de petites raies brun clair, peu apparentes ; front, gorge, cou, dos, queue et parties inférieures d'un blanc parfait ; haut du dos, scapulaires et toute l'aile d'un noir foncé. Taille : 0 m. 70.

M. Dufour d'Astafort l'a tué, vers 1866, près de Cherrine, en Brenne. Nous ne l'avons jamais observé.

229. Goëland brun, Larus fuscus - Linné.

Goéland brun, Larus fuscus

Vertex, occiput et région des yeux blancs, rayés de brun clair ; dessus du corps et couvertures supérieures des ailes d'un noir ardoisé ; rémiges noires avec un peu de blanc à l'extrémité ; pieds jaunes. Taille : 0 m. 50.

Se montre très irrégulièrement, l'hiver, dans notre département ; nous avons vu tuer deux individus en janvier 1880. Il se laissaient assez facilement approcher, au bord des étangs, et se reposaient fréquemment, ce qui était une preuve de leur fatigue et de leur faiblesse par suite du manque de nourriture.

230. Goëland à manteau bleu, Larus argentatus - Brunn.

Goéland argenté, Larus argentatus

Front, vertex, région des yeux, occiput et cou d'un blanc parfait, sans aucune tache ; dos, queue et parties inférieures blancs ; scapulaires, toute l'aile et rémiges d'un cendré bleuâtre pur, les rémiges noires vers le bout et terminées par un espace blanc. Taille : 0 m. 60.

Se montre rarement sur nos étangs, en novembre et décembre, solitaire ou par trois ou quatre.

231. Goëland cendré, Larus canus - Linné.

Goéland cendré, Larus canus

Vertex, nuque, cou et poitrine d'un blanc parsemé de taches et de traits brun grisâtre ; dos et scapulaires gris cendré bleuâtre ; couvertures des ailes et rémiges brunes ; toutes les parties inférieures blanches ; queue blanche à la base, puis d'un brun noirâtre terminé de blanchâtre. Taille : 0 m. 42.

Ce Goëland est de passage régulier sur les étangs du département, d'abord en mars par troupes de six à douze individus, puis du 10 au 30 novembre, ordinairement par couples ou solitaire. Commun sur les côtes de l'Océan, il descend vers le Midi au moment des gelées et une partie des voyageurs traverse la France. Ce sont ces Oiseaux-là que nous voyons passer sur nos étangs où ils semblent se reposer quelques instants, flottant comme des bouées blanches, ou passer au-dessus de nous en volant avec lenteur.

Ils ne se laissent pas approcher et ne séjournent guère.

Les cinq ou six que nous avons eus en main, en novembre, avaient tous l'estomac bondé de Lombrics exclusivement.

232. Goëland tridactyle, Larus tridactylus - Linné.

Mouette tridactyle, Rissa tridactyla

Vertex, occiput et partie du cou d'un cendré bleuâtre uniforme ; de fines raies noires en avant des yeux ; front, parties inférieures, croupion et queue d'un blanc parfait ; dos, ailes et rémiges d'un cendré bleuâtre, la rémige extérieure bordée de noir. Taille : 0 m. 38.

Le Goëland tridactyle est très commun dans le département lorsque, au commencement de février, il arrive, souvent seul, parfois en bandes de huit à dix individus, pour rester quelques jours sur les étangs et les rivières. Il est excessivement confiant et se laisse tirer de très près s'il est seul, tandis qu'en troupe il est plus difficile à approcher. Nous l'avons vu tuer sur la Creuse d'un coup de pierre et nous en avons vu prendre à la main un autre qui avait probablement été blessé de la même manière par un enfant. Il n'est pas rare non plus de le trouver mort ou mourant en pleine campagne.

Chaque année on en voit séparément plusieurs douzaines sur tous nos cours d'eau ; chaque année les chasseurs le tirent sur tous les étangs. À l'automne, on le retrouve dans le département ; on l'y a même vu en décembre et en janvier.

233. Goëland rieur, Larus ridibundus - Linné.

Mouette rieuse, Larus ridibundus

Tête, cou, queue d'un blanc parfait, à l'exception d'une tache noire en avant des yeux et d'une grande plaque noirâtre arrondie sur l'orifice des oreilles ; poitrine et parties inférieures d'un blanc rosé ; dos, scapulaires et toutes les couvertures des ailes d'un cendré bleuâtre très clair ; bord extérieur de l'aile blanc ; bec et pieds d'un rouge vermillon. Tels sont les vieux sujets en plumage d'hiver. En été, au contraire, toute la tête et le haut du cou sont d'un brun très foncé, les paupières entourées de plumes blanches, le reste du plumage d'un beau blanc rosé. Taille : 0 m. 37.

Sédentaire, s'il ne disparaissait pas de notre pays durant la grande froidure. La Mouette rieuse arrive au printemps, vers février, sur nos marais et y séjourne quelques jours si elle est par bandes de six à douze individus, plus longtemps si elle est solitaire. En mars et avril, le passage des retardataires a lieu, mais un certain nombre de couples demeurent et nichent sur les îlots des grands étangs. Nous l'avons vue à plusieurs reprises en mai, juin et juillet, voler sur la Mer Rouge et deux années de suite on nous a apporté de la Gabrière et du Gabriau un grand nombre d'œufs trouvés sur le sable sans aucune préparation de nid.

Ces œufs sont jaunâtres ou verdâtres avec des taches noires, grises ou brunes, mesurant 0 m. 050 sur 0 m. 038.

GENRE HIRONDELLE DE MER, Sterna - Linné.

Bec aussi long ou plus long que la tête, presque droit, comprimé, à mandibule supérieure non crochue ; queue échancrée. Ailes aussi longues ou un peu plus longues que la queue ; membranes interdigitales peu échancrées ; ongles du doigt médian très recourbé.

234. Hirondelle de mer Pierre-Garin, Sterna hirundo - Linné.

Sterne pierregarin, Sterna hirundo

Front, vertex et longues plumes de l'occiput d'un noir profond ; parties postérieures du cou, dos et ailes d'un cendré bleuâtre ; parties inférieures blanches ; la poitrine nuancée de cendré ; queue blanche, avec des pennes latérales d'un brun noir sur leurs barbes extérieures ; bec rouge, mais noir à la pointe. Taille : 0 m. 39.

Elle paraît en Brenne au mois de mai, en petit nombre à de certaines années, très nombreuse en d'autres. Elle s'établit sur les plus vastes étangs et ne les quitte qu'en septembre pour descendre vers le Midi. Tout le jour elle plane en compagnie des Guifettes, à la recherche des Poissons et des Insectes aquatiques ; elle n'est guère plus sauvage que l'Épouvantail et s'approche souvent à quelques mètres du chasseur ou du batelier.

Elle niche par compagnies sur les îlots et pond sur le sable ou au milieu des touffes d'herbes aquatiques. Ses nids sont si nombreux, certaines années et à certains endroits, qu'en une journée un paysan nous apporta plus de cinquante œufs de cette espèce qu'il avait ramassés sur les grèves de quatre ou cinq étangs et sur les gros tas de joncs flottants. Ces œufs sont en général jaunes, parfois verdâtres, couverts de taches brunes, grises ou noires, longs de 0 m. 043 sur 0 m. 032.

Elle part vers le 25 septembre, et à l'époque de ses voyages se montre sur toutes nos rivières.

235. Hirondelle de mer naine, Sterna minuta - Linné.

Sterne naine, Sternula albifrons

Vertex et occiput d'un noir profond ; dessus du corps cendré ; cou et parties inférieures blancs ; lorums noirs, front avec un trait sur les yeux et le bas des joues blancs ; queue blanche ; bec jaune orange à pointe noire. Taille : 0 m. 22.

Un peu moins commune dans le département que la Sterne Pierre-Garin et pourtant assez répandue, cette Sterne arrive vers le 15 mai, et niche sans préparation sur les rives sablonneuses du marais.

Elle fait son nid en compagnie, et il n'est pas rare d'en trouver sept ou huit ensemble ; mais nous ne les avons jamais vues nicher en compagnie des Pierre-Garin. Elles ont du reste les mœurs et habitudes de ces dernières, vivent de Larves, Coléoptères aquatiques et terrestres, Diptères, Orthoptères, Névroptères et petits Poissons, sont très confiantes et disparaissent dans les premiers jours de septembre. Dans les endroits où elles nichent, on trouve les œufs par trois, œufs de 0 m. 032 sur 0 m. 023, jaunâtres avec des taches, points, stries et traits noirs ou gris vineux.

GENRE GUIFETTE, Hydrochelidon - Boie.

Bec plus court que la tête, comprimé, à mandibule supérieure non crochue ; queue peu échancrée ; ailes beaucoup plus longues que la queue ; membranes interdigitales très échancrées ; ongle du doigt médian peu recourbé.

236. Guifette épouvantail, Hydrochelidon fissipes - Gray.

Guifette noire, Chlidonias niger

Tête et cou noir cendré ; dessus du corps cendré ou brunâtre ainsi que les ailes ; poitrine et abdomen noir cendré, parfois blanchâtres ; bec noir avec les commissures rouges ; pieds d'un brun rouge. Taille : 0 m. 24.

La Brenne est la patrie des Guifettes. Elles s'y rendent par milliers au printemps et se répandent sur presque tous les étangs ; elles sont parfois si communes qu'on peut estimer à deux cents couples la population d'un seul étang, composée pour 3/5 d'Épouvantails et 2/5 des deux autres espèces, arrivent du 15 avril au 8 mai, suivant les années.

Nous les voyons voler tout le jour au-dessus des eaux, planer sur place en battant des ailes, courir des bordées au moindre coup de vent, par moment s'abattre tout d'un coup sur les vagues, plonger à demi et saisir un Insecte pour repartir aussitôt. Elles se posent peu sur l'eau, plus souvent sur les tas de joncs et sur les rivages, se laissant alors approcher avec quelque difficulté, tandis qu'au vol elles s'approchent du chasseur à portée de bâton et, s'il est près des nids, tournent et retournent autour de lui en poussant leurs cris aigus et répétés. Ces cris attirent toutes les Guifettes de l'étang, et l'Homme se trouve entouré d'une nuée d'Oiseaux, multipliant leurs clameurs pendant des heures entières. Les coups de fusil ne les effrayent pas ; on a beau en tuer, elles continuent leur tapage.

Fin mai ou commencement de juin, les Épouvantails s'occupent de la construction de leurs nids ; elles les placent sur les mottes entourées d'eau et les composent de morceaux de roseaux secs, ou mieux s'établissent en colonies sur les gros tas de joncs jaunis qui flottent au milieu des joncs verts. Là, sans grande préparation, elles font une couchette ronde, et y pondent trois œufs ordinairement jaune roux, avec des taches, points et plaques noirs, ou gris, ou bruns, ou roux, mesurant 0 m. 034 sur 0 m. 025. Beaucoup de ces œufs ne sont pas fécondés et un cinquième au moins ne vient pas à éclosion.

Les petits demeurent autour des nids pendant assez longtemps et, faute de pouvoir voler, ils se jettent volontiers à la nage et fuient devant leurs ennemis en poussant de petits cris doux.

Toutes les Guifettes vivent d'Insectes, Coléoptères, Éphémères, Odonates du genre Sympetrum, mais elles mangent surtout les Agrionines dont leurs estomacs sont toujours bondés.

Du 25 septembre au 6 octobre, les Guifettes partent, et on les trouve alors par troupes voyageuses sur les étangs où aucune n'habitait à l'été. Quelques jours après, tout a disparu.

237. Guifette leucoptère, Hydrochelidon nigra - Gray.

Guifette leucoptère, Chlidonias leucopterus

Tête, cou et haut de dos noirs ; bas du dos noir cendré ; poitrine noire, bas de l'abdomen et sous-caudales d'un blanc pur ; petites et moyennes couvertures supérieures des ailes blanches ; queue d'un blanc pur ; bec et pieds rouge vif. Taille : 0 m. 24.

La Guifette leucoptère est très commune en Brenne où elle vit mêlée aux Épouvantails et aux Moustacs, ou par colonies sur certains étangs, à l'exclusion des autres espèces. Elle arrive et part comme l'Épouvantail.

Son nid, construit exactement comme celui de sa congénère, contient trois œufs ressemblant beaucoup à ceux de l'Épouvantail, jaunâtres ou verdâtres, couverts de taches grises, noires ou brunes, mais un peu plus gros, mesurant 0 m. 037 sur 0 m. 027.

238. Guifette moustac, Hydrochelidon leucopareia - Natterer.

Guifette moustac, Chlidonias hybrida

Dessus de la tête et du cou d'un beau noir ; parties supérieures d'un gris cendré ; gorge et joues blanches ; abdomen cendré noirâtre ; queue cendrée en dessus avec la penne la plus latérale blanche, légèrement cendrée à son extrémité ; bec et pieds rouges. Taille : 0 m. 26.

La Moustac est aussi commune en Brenne que la Guifette leucoptère, et moins que l'Épouvantail. Elle arrive et part avec elles.

Le nid, très commun sur les grands étangs, est posé sur les îlots flottants de vieux joncs, rarement à côté des nids de l'Épouvantail. L'œuf est relativement gros, 0 m. 040 sur 0 m. 028, vert clair, couvert de petites taches noires, brunes ou grises.

 


Sommaire
général

Table
des matières

Index
des noms français
actuels

Index
des noms latins
actuels