OISEAUX
ANSÉRIENS
Famille des Anatidés
GENRE TADORNE, Tadorna - Flem.
Bec plus court que la tête, un peu retroussé en haut à l'extrémité, à peu près de même largeur dans toute son étendue ; onglets étroits à l'origine, celui de la mandibule supérieure large et coupé carrément à l'extrémité, très recourbé et faisant un peu retour en arrière ; queue courte ; pieds élevés. Plumage analogue chez le mâle et la femelle.
247. Tadorne de Belon, Tadorna Beloni - Ray.
Tadorne de Belon, Tadorna tadorna
Tête et cou d'un vert sombre ; partie inférieure du cou, couvertures des ailes, dos, flancs, croupion d'un blanc pur ; une tache noirâtre longitudinale sur le milieu du ventre ; un large ceinturon d'un beau roux entoure la poitrine et remonte sur le haut du dos ; miroir de l'aile vert, surmonté d'une bande rousse. Taille : 0 m. 60.
Le Tadorne ne se montre pas dans l'Indre dans les hivers doux, mais si le froid est dur et persistant, nous le voyons passer par couples ou par troupes de trois à cinq individus. Il en fut tué plusieurs sur la Creuse en 1870 et sur les étangs d'Oulches. Nous en avons nous-mêmes vu cinq à Lérignon en décembre 1881 et deux en février 1883.
GENRE SOUCHET, Spatula - Boie.
Bec plus long que la tête, très étroit à la base, très large et taillé en spatule au bout ; onglets petits, celui de la mandibule supérieure peu recourbé ; queue légèrement cunéiforme ; tarses minces, peu élevés. Plumage différent chez le mâle et la femelle.
248. Souchet commun, Spatula clypeata - Boie.
Canard souchet, Anas clypeata
Tête et cou du mâle d'un verdâtre foncé à reflets ; poitrine blanche, parfois semée de points noirs ; ventre et flancs roux marron ; dos brun noirâtre ; couvertures des ailes d'un bleu clair ; scapulaires marquées sur fond blanc de points et de taches noirs ; miroir vert foncé, bordé d'une large bande blanche ; couvertures supérieures de la queue d'un noir à reflets verts avec une grande tache blanche latérale au croupion. Taille : 0 m. 49.
Chez la femelle, la tête est marquée de traits noirs et roux ; les parties supérieures sont brunes, ondées de roussâtre ; les parties inférieures d'un roux nuancé de brun ; les petites couvertures des ailes sont d'un cendré bleu ; le miroir vert brun.
De passage régulier dans l'Indre, sans y être très commun. Nous le voyons du 15 février au 30 mars par petites bandes qui s'arrêtent peu, puis il disparaît jusqu'au mois d'octobre. L'espèce a été tuée une fois en mai.
GENRE CANARD, Anas - Linné.
Bec un peu plus long que la tête, un peu moins large dans sa moitié postérieure que dans son tiers antérieur qui est sensiblement dilaté ; onglet supérieur peu courbé, ne faisant pas saillie à l'extrémité du bec ; queue courte, cunéiforme ; tarses épais. Plumage différent dans les deux sexes.
249. Canard sauvage, Anas boschas - Linné.
Canard colvert, Anas platyrhynchos
Tête et cou du mâle vert brillant, un collier blanc au bas du cou ; poitrine marron vineux ; parties supérieures brunes, rayées de fins zigzags ; parties inférieures d'un gris blanchâtre rayé de très fins zigzags d'un gris cendré ; miroir vert violet, bordé d'une double bande blanche ; les quatre pennes du milieu de la queue frisées et recourbées.
Le mâle perd ce plumage à l'été et revêt le costume de la femelle jusqu'en octobre.
La femelle a le plumage varié de brun sur fond gris, la gorge blanchâtre, une bande blanchâtre sur les yeux. Taille : 0 m. 52.
Sédentaire et très commun en Brenne et dans d'autres localités du département ; on le trouve en nombre sur tous les étangs où, dès les premiers jours de mars, il s'occupe de la construction de son nid. À ce moment, le marais est encore peuplé de bandes voyageuses, d'étrangers prêts à remonter vers le nord ; mais les couples, habitants du pays, vivent depuis longtemps séparés et recherchent surtout les bords plantés de joncs ou les petites flaques d'eau peu profonde, dépendances d'un grand étang.
Le nid est admirablement caché, formé de lambeaux de joncs, de morceaux de bruyères, d'herbes et de quelques plumes ; il est placé sur une motte large et haute en herbe, ou mieux dans une brande épaisse tout près de l'eau, parfois aussi à plusieurs centaines de mètres dans un taillis bien garni. Dans ce nid, la femelle pond 8 à 12 œufs de 0 m. 058 sur 0 m. 041, d'un vert très clair.
D'avril à octobre, les Canards qui habitent la Brenne sont les couples sédentaires et les jeunes de l'année ; ils vivent par familles. Puis, dès les premiers jours d'octobre commencent à apparaître les hordes voyageuses ; en novembre a lieu le fort du passage. En décembre, janvier, surtout en février, des troupes arrivent encore, séjournent deux ou trois jours et repartent ; d'aucunes s'établissent pour plusieurs semaines. Si les étangs gèlent, les voyageurs reprennent leur voyage vers le sud, tandis que les sédentaires gagnent les rivières et s'y font surprendre et tuer en grand nombre. En mars, les passages s'accentuent de nouveau et les étangs sont absolument couverts de Canards sauvages, aussi de Milouins, Morillons, Siffleurs, Sarcelles. En avril, tout s'éclipse peu à peu et les nichées des sédentaires se font.
GENRE CHIPEAU, Chaulelasmus - Gray.
Bec aussi long que la tête, de même largeur dans toute son étendue ; onglet de moyenne largeur, brusquement recourbé ; queue courte, conique. Le Chipeau se distingue de tous les autres Canards par les lamelles qui garnissent les bords de la mandibule supérieure ; chez lui, elles sont très proéminentes, visibles sur les 3/4 du bec, saillantes comme les dents d'un peigne. Le Souchet seul a le bec conformé de semblable manière, mais ce bec a une forme si différente qu'il est impossible de confondre les deux Oiseaux.
250. Chipeau bruyant, Chaulelasmus strepera - Gray.
Canard chipeau, Anas strepera
Tête et cou marqués de points bruns sur fond gris ; partie inférieure du cou, dos et poitrine marqués de croissants noirs lisérés de blanc ; scapulaires et flancs rayés de zigzags blancs et noirâtres ; moyennes couvertures des ailes d'un roux marron ; grandes couvertures et croupion d'un noir profond ; miroir blanc. Taille : 0 m. 50.
La femelle a le plumage varié de brun noirâtre et de roux clair.
De passage dans l'Indre en février-mars et octobre-novembre. Il ne se mêle guère aux autres et voyage d'ordinaire par petites bandes de six à vingt individus.
GENRE MARÈQUE, Mareca - Steph.
Bec plus court que la tête, à peu près également large dans ses deux tiers postérieurs, puis se rétrécissant insensiblement jusqu'à l'extrémité ; onglet supérieur assez large, peu proéminent au-delà des bords de la mandibule, subitement courbé ; queue courte, cunéiforme.
251. Marèque siffleur, Mareca penelope - Selby.
Canard siffleur, Anas penelope
Front d'un blanc jaunâtre ; tête et cou d'un roux vif, face pointillée de noir ; gorge noire ; poitrine lie-de-vin ; dos et flancs rayés de zigzags noirs et blancs ; couvertures des ailes et parties inférieures blanches ; miroir consistant en une bande verte entre deux bandes noires ; scapulaires noires lisérées de blanc. Taille : 0 m. 47.
La femelle a le plumage varié de roux, de noir et de gris, avec le miroir cendré clair.
Le Canard siffleur, pour l'appeler par son nom, ne niche pas dans l'Indre, mais il y arrive en très nombreuses troupes du 15 février au 30 mars. Pendant cette période, il couvre tous nos étangs et parfois nos rivières de ses vols remuants et on entend partout résonner sa voix singulière, espèce de cri aspiré terminé par un sifflement. Il repasse du 10 octobre au 20 novembre.
GENRE PILET, Dafila - Leach.
Bec aussi long que la tête, mince, plus large vers l'extrémité qu'au milieu ; lamelles courtes, à peines visibles au-delà des bords de la mandibule supérieure ; onglet supérieur petit et crochu ; queue longue, très pointue ; cou très long et très mince.
252. Pilet à longue queue, Dafila acuta - Eyton.
Canard pilet, Anas acuta
Vertex varié de brun roux et de noirâtre ; joues, gorge et haut du cou d'un beau brun ; sur la nuque, une bande noire entre deux bandes blanches ; devant et dessous du corps blanc pur ; dos et flancs rayés de zigzags noirs et blancs ; miroir vert pourpré entre une bande rousse et une bande blanche ; les deux pennes du milieu de la queue très allongées, noires.
La femelle est variée de brun et de roussâtre. Taille : 0 m. 64.
Très commun en Brenne où il niche quelquefois, se plaît peu en troupes et vit par couples. Il est aussi défiant que les autres, mais on l'approche plus facilement parce que, au lieu de rester loin des bords, il se glisse dans les joncs qui bordent le rivage et aussi parce qu'on le trouve seul, et qu'un Oiseau seul est bien plus aisé à surprendre que réuni à plusieurs autres.
Il nous arrive au mois de février, un des premiers, et séjourne d'ordinaire assez longtemps. Vers la fin de mars, il émigre et, en avril, on rencontre seulement quelques très rares couples demeurés au pays pour nicher ; nous en avons vu ainsi en mai et juin. Le nid, fait sur une motte, en plein marécage, contient sept à neuf œufs gris verdâtre clair, de 0 m. 060 sur 0 m. 043.
En octobre, il reparaît, et le passage dure jusqu'à la fin de novembre, mais pour peu que l'hiver soit bénin, on le tire fréquemment sur certains étangs en décembre et janvier. C'est presque un Oiseau sédentaire en Brenne.
GENRE SARCELLE, Querquedula - Steph.
Bec presque aussi long que la tête, élevé à la base, ensuite droit, étroit, un peu plus large à l'extrémité qu'au milieu ; queue courte, conique ; cou pas très long.
253. Sarcelle d'été, Querquedula circia - Steph.
Sarcelle d'été, Anas querquedula
Vertex noirâtre ; une bande blanche sur les yeux ; gorge noire ; tête et cou brun rougeâtre parsemé de points blancs ; bas du cou et poitrine écaillés de bandes noires ; couvertures des ailes d'un cendré bleuâtre ; miroir vert cendré, bordé de bandes blanches ; ventre jaunâtre ; flancs zébrés de zigzags noirs.
La femelle est brune en dessus, blanchâtre en dessous, avec le miroir verdâtre, et une bande blanche marquée de taches brunes derrière et sous les yeux. Taille : 0 m. 36.
Excessivement commune à son double passage, en mars-avril et en octobre.
Quelques couples sont sédentaires et nichent sur les grands étangs. Le nid contient 6 à 8 œufs d'un blanc jaunâtre, mesurant 0 m. 048 sur 0 m. 033. Les jeunes vivent avec les parents par petites familles ; mais il n'est pas rare de les rencontrer un par un dans les queues, où ils se laissent facilement approcher.
Quant aux voyageuses, leur passage d'automne se fait rapidement, tandis qu'au printemps tous nos étangs sont, pendant deux mois, presque continuellement peuplés par cette jolie Sarcelle qui arrive par bandes de vingt à deux cents individus. Elles se tiennent tantôt au milieu de l'étang, loin des bords, en troupes serrées, et alors il est impossible de les approcher, ou bien, le matin surtout, elles viennent dans les joncs et mottes des rivages plus ou moins séparées et il est alors aisé de les tirer. Au coup de fusil, elles partent vivement, chaque Oiseau poussant son cri d'appel, s'élèvent en volant avec une extrême vitesse, font plusieurs fois le tour de l'étang, s'abaissent toutes ensemble comme pour se poser et subitement se redressent comme fait un ressort.
Dans le marais, elles ne cessent de caqueter, et ce caquetage qu'on entend au loin indique au chasseur leur présence.
254. Sarcelle d'hiver, Querquedula crecca - Steph.
Sarcelle d'hiver, Anas crecca
Tête et cou du mâle roux marron, avec une belle bande verte des yeux à la nuque ; gorgerette noire, encadrée par une bande blanche qui va de l'œil à la base du bec ; parties supérieures rayées de zigzags noirs et blancs ; poitrine blanche criblée de taches noires ; ventre blanc ; couvertures des ailes brunes ; miroir vert et noir, bordé de blanc et de roux. Taille : 0 m. 32.
La femelle porte sur l'œil la bande blanc roussâtre marquetée de taches brunes ; elle a les parties supérieures brunes, les inférieures blanchâtres.
Cette petite Sarcelle n'est pas rare en toute saison dans le département, et elle devient très commune lors de son double passage, surtout de fin janvier à fin mars.
On la trouve tantôt seule, entre les mottes ou dans un fouillis de joncs d'où elle part sous les pieds, volant à la manière d'un Râle, tantôt par troupes de quatre à huit sujets, assez faciles à approcher si elles n'ont pas été pourchassées. Ces petites bandes aiment à se poser dans les trous pleins d'eau, au milieu des brandes autant qu'au bord des étangs ; elles sont formées de Sarcelles voyageuses qui vont nicher dans le nord de la France.
Les Sarcelles sédentaires vivent seules et par couples, et en avril, font leur nid sur les mottes ou sous un buisson proche des eaux. Ce nid contient une dizaine d'œufs un peu plus petits que ceux de la Sarcelle d'été, mais très semblables, d'un blanc jaunâtre uni.
On retrouve, en octobre, des familles d'étrangères, et pendant l'hiver, même sur les étangs glacés, quelques individus solitaires.