POISSONS OSSEUX Malacoptérygiens

Famille des Cyprinidés

GENRE LOCHE, Cobitis - Linné.

Tête assez petite, surtout chez la Loche de rivière ; yeux petits ; bouche portant six barbillons ; une petite épine mobile et fourchue au-dessous de l'œil chez la Loche de rivière. Corps et queue allongés, peu comprimés chez la Loche franche, très comprimés chez la Loche de rivière ; écailles très petites. Nageoire dorsale assez haute, mais peu large ; pectorales ovalaires ; ventrales situées en face de la dorsale ; anale assez allongée ; caudale peu arrondie, parfois presque droite et même légèrement échancrée chez la Loche franche. Ligne latérale plus apparente chez la Loche franche que chez la Loche de rivière.

8. Loche franche, Cobitis barbatula - Linné.

Loche franche, Nemacheilus barbatulus

D'un brun clair, avec de nombreuses et grandes taches irrégulières d'un brun très foncé ; gorge et abdomen d'un blanc jaunâtre. Longueur : 8 à 11 centimètres.

Commune dans toutes nos rivières et dans la plupart de nos ruisseaux : nous l'avons capturée bien souvent sous les pierres, dans les raides, près des rives.

Elle fraye en avril et se nourrit d'Insectes, de Mollusques et de Vers.

Nous avons pris une Loche franche dont la bouche était ornée de sept barbillons.

* Loche de rivière, Cobitis tænia - Linné.

Loche de rivière, Cobitis tænia

Parties supérieures d'un brun clair, marquées de séries longitudinales de taches d'un brun noirâtre plus ou moins grandes, mais alignées assez régulièrement ; sous la ligne latérale, une série de grandes taches d'un brun noirâtre ; de chaque côté, une tache noire à la base supérieure de la nageoire caudale ; parties inférieures d'un blanc jaunâtre. Longueur : 7 à 10 centimètres.

Beaucoup de pêcheurs nous ont dit avoir pris cette espèce dans nos cours d'eau, et les tireurs de sable de rivière à qui nous l'avons montrée nous ont affirmé l'avoir capturée dans la Creuse aux environs d'Argenton. N'ayant jamais eu entre les mains un sujet pris dans le département, nous ne donnons pas de numéro d'ordre à cette espèce ; nous l'indiquons seulement comme pouvant se trouver dans nos eaux, car R. Parâtre nous a donné quelques Loches de rivière qu'il avait capturées dans le sud du Loir-et-Cher, département voisin du nôtre.

GENRE GOUJON, Gobio - Cuvier.

Tête de moyenne grosseur ; yeux de moyenne grandeur : un barbillon de chaque côté de la bouche ; corps et queue peu comprimés ; écailles de moyenne grandeur. Nageoire dorsale assez élevée mais peu large, munie de 3 rayons simples très rapprochés et de 7 ou 8 rameux ; pectorales assez développées, portées par 1 rayon simple et 11 ou 12 rameux ; ventrales situées en face de la dorsale, portées par 2 rayons simples et 7 rameux ; anale étroite, assez longue, munie de 3 rayons simples et 6 rameux ; caudale échancrée, de grandeur moyenne. Ligne latérale peu courbée, composée de 40 écailles environ.

9. — Goujon de rivière, Gobio fluviatilis - Cuvier et Valenciennes.

Goujon, Gobio gobio

D'un brun plus ou moins jaunâtre marqué de noirâtre, avec la gorge, l'abdomen et le dessous de la queue blanchâtres ou d'un blanc jaunâtre ; flancs à reflets dorés. Longueur : 10 à 17 centimètres.

Très commun partout. Il fréquente les gués, le voisinage des écluses, et se plaît sur le sable et le gravier. Il fraye en mai, juin et parfois en juillet, dans les raides.

Il vit par petites troupes, chasse les Vers, les Insectes et leurs Larves, et gagne les creux pendant les grandes chaleurs et aux approches de l'hiver.

On le prend à l'épervier ou à la ligne amorcée d'un Ver, ou bien encore dans des appareils en verre, nommés tambours ou bouteilles, selon la forme, dans lesquels on met un peu de son.

GENRE BARBEAU, Barbus - Cuvier.

Tête de moyenne grosseur ; yeux petits ; quatre barbillons à la bouche ; corps et queue allongés, peu comprimés ; écailles assez petites. Nageoire dorsale assez élevée, portée par 1 très fort rayon osseux et dentelé précédé de 2 ou 3 petits rayons simples et suivi de 8 rayons rameux ; pectorales de moyenne grandeur, portées par 1 rayon simple et 13 à 16 rameux ; ventrales situées en face de la dorsale, portées par 2 rayons simples et 8 rameux ; anale étroite, longue, portée par 3 rayons simples, dont un très petit, et 6 rameux ; caudale bien développée et très échancrée. Ligne latérale presque droite, surtout dans sa partie postérieure, et formée de 58 à 60 écailles.

10. — Barbeau commun, Barbus fluviatilis - Valenciennes.

Barbeau, Barbus barbus

Parties supérieures d'un brun verdâtre foncé ; flancs dorés ; parties inférieures blanches ou d'un blanc légèrement jaunâtre. Peut peser 6 à 8 kilogrammes.

Le Barbeau, plus connu sous le nom vulgaire de Barbillon, est commun dans la plupart de nos rivières. Il vit par bandes de quelques individus dans les endroits profonds et il circule surtout pendant la nuit ; il se réfugie dans les creux pendant les fortes chaleurs et les grands froids. Il fréquente presque toujours les mêmes cavités et, à Argenton, nous avons vu prendre à différentes époques, dans le même trou et d'un seul coup d'épervier, cinq ou six énormes Barbeaux qui reposaient tranquillement au fond de la Creuse. En hiver, ce Poisson vient parfois chercher un abri sous les racines des rives ; on découvre alors, en explorant attentivement les bords de la rivière, le Barbeau immobile et semblant plongé dans un engourdissement profond. Nous avons connu un pêcheur qui, pendant les froids, faisait une guerre continuelle à cette espèce et s'en emparait au moyen d'un trident ; presque chaque jour, il capturait un ou deux individus de grande taille. Pendant la belle saison, on prend le Barbeau à l'épervier, à la nasse ou à la ligne amorcée d'un petit morceau de fromage de Gruyère ou d'un Ver.

Il fraye en mai et juin. Les très jeunes individus habitent dans les droits remplis d'herbes aquatiques, et si, pendant les premières semaines de leur existence, il survient de grandes crues, les Barbeaux minuscules sont entraînés avec les herbes, roulés par le courant, et périssent en grand nombre. Lorsqu'il est un peu plus vieux, il vit en compagnie des Goujons et fréquente les gués et les bords des écluses, dans les endroits couverts le gravier et de sable ; il aime à se réfugier dans les cavités des rochers. Il se nourrit d'herbes, d'Insectes, de Mollusques, de Vers et même de petits Poissons.

GENRE TANCHE, Tinca - Cuvier.

Tête de grosseur moyenne ; yeux assez petits ; un petit barbillon de chaque côté de la bouche ; corps et queue peu allongés, peu comprimés ; écailles petites. Nageoires arrondies ; dorsale assez haute et portée par 3 rayons simples, dont un très petit, et 6 ou 8 rameux ; pectorales munies d'un rayon simple et de 15 ou 16 rameux ; ventrales un peu en avant de la perpendiculaire descendant de la partie antérieure de la dorsale, portées par 2 rayons simples (le premier petit, le second long et large) suivis de 8 ou 9 rameux ; anale munie de 3 rayons simples et de 7 ou 8 rameux ; caudale non échancrée. Ligne latérale d'abord courbée, puis droite, composée de 106 à 110 écailles environ.

11. — Tanche commune, Tinca vulgaris - Cuvier.

Tanche, Tinca tinca

Parties supérieures d'un brun verdâtre, parties inférieures jaunâtres ; iris rouge. Peut peser 2 ou 3 kilogrammes, rarement 4.

Assez rare dans la Creuse, l’Indre et le Cher, elle est commune dans la Bouzanne et les autres rivières à fond vaseux. Elle vit isolément dans les endroits où poussent les plantes aquatiques et elle aime à s'enfoncer dans la vase. Elle est excessivement commune dans certains étangs et même elle existe de temps immémorial dans quelques mares. La Tanche de rivière est jaunâtre, de coloration métallique ; celle des étangs est noirâtre.

Elle fraye en mai ou en juin et est très féconde, ainsi que la plupart des Cyprinidés.

Elle mange les végétaux et poursuit les Insectes, les Vers et les Mollusques. On la prend à la nasse ou à l'épervier.

GENRE CARPE, Cyprinus - Linné.

Tête de moyenne grosseur ; yeux de moyenne grandeur ; de chaque côté de la bouche, un grand barbillon à la commissure des lèvres ; un autre barbillon plus petit au-dessus du grand ; corps et queue peu allongés, un peu comprimés latéralement ; partie antérieure du corps légèrement voûtée ; écailles grandes. Nageoire dorsale large, élevée dans sa partie antérieure, portée par 3 rayons simples et environ 19 ou 20 rameux ; les deux premiers rayons simples très petits, le troisième assez grand, raide, dentelé. Pectorales assez grandes, un peu arrondies, portées chacune par 1 rayon simple et 13 à 15 rameux ; ventrales situées en face de la partie antérieure de la dorsale, munies chacune de 2 rayons simples et 8 rameux Anale peu large, assez élevée, portée par 3 rayons simples et 5 ou 6 rameux ; les deux premiers rayons simples très petits, soudés au troisième qui est plus grand, rigide et dentelé. Caudale bien développée, échancrée. Ligne latérale peu courbée, formée par 37 ou 38 écailles.

12. — Carpe commune, Cyprinus carpio - Linné.

Carpe commune, Cyprinus carpio

Parties supérieures d'un brun légèrement verdâtre, parties inférieures jaunâtres. Iris doré ou brun doré. Ce Poisson peut peser 10 à 15 kilogrammes ; on a pris un sujet de 22 livres dans la Creuse, à Chitray.

La Carpe est commune dans la plupart de nos rivières ; on l'élève dans presque tous les étangs de la Brenne et elle est l'objet d'un commerce considérable. Elle vit par troupes plus ou moins nombreuses dans les creux et les eaux calmes ; elle aime à se cacher dans les empierrements des ponts et sous les rochers. Pendant les fortes chaleurs on peut voir, à Argenton, aux environs du pont du chemin de fer, des bandes considérables de Carpes de grande taille nager lentement près de la surface des eaux de la Creuse ; à la moindre alerte, elles disparaissent pour reparaître quelques instants après.

Elle est très rusée et mord rarement aux appâts les plus perfectionnés ; elle se laisse difficilement prendre à l'épervier.

Elle se nourrit de plantes, de végétaux en décomposition et de Vers. Elle fraye en mai, juin, juillet et aussi en août, dans les endroits herbus où elle dépose une grande quantité d'œufs ; l'éclosion a lieu, d'après M. E. Blanchard, environ 7 ou 8 jours après la ponte. Elle grandit assez vite pendant les premières années et le Dr Fatio dit qu'elle peut reproduire dès l'âge de trois ans.

En 1883, on a capturé, dans un étang des environs de Migné, une Carpe présentant un très intéressant cas tératologique. Cette bête, qui nous a été donnée par M. Charpentier-Massicot et qui figure maintenant dans notre collection, n'a pas la moindre trace de bouche ; elle se nourrissait, probablement par les ouïes, de substances en suspension dans l'eau. Elle était très maigre, mesurait 30 centimètres de longueur et pesait 258 grammes ; une Carpe du même âge, bien confirmée, capturée le même jour, dans le même étang, avait 32 centimètres de longueur et pesait 428 grammes.

 


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