REPTILES 

Ordre II. — Sauriens

Les Sauriens ont les yeux munis de paupières, la langue bifide ; ils ont les mâchoires armées de petites dents aiguës. Leur cou est assez court ; leur corps est allongé et plus ou moins cylindrique ; leur queue est longue ; les Lézards ont quatre membres, l'Orvet n'en a pas ; leur épiderme écailleux se renouvelle de temps à autre et tombe par lambeaux, ils ont alors une coloration plus vive.

Quelques Sauriens sont ovovivipares, les autres sont ovipares.

Famille des Lacertidés

GENRE LÉZARD, Lacerta - Linné.

Tête large à sa base, couverte de grandes plaques écailleuses ; museau allongé, acuminé ; corps assez long ; membres peu allongés ; cinq doigts et cinq orteils non palmés, pourvus d'ongles aigus ; queue très longue, conique. Sous la gorge, une sorte de semi-collier formé d'écailles assez grandes recouvrant d'autres écailles très petites. Écailles du dessus du corps petites, celles de la queue un peu plus grandes ; squames ventrales assez grandes et formant plusieurs rangs longitudinaux.

Le mâle a la tête plus forte ; la base de la queue est presque carrée et plus grosse que chez la femelle.

2. — Lézard vert, Lacerta viridis - Daudin.

Lézard vert occidental, Lacerta bilineata

Parties supérieures vertes, légèrement brunâtres sur la tête et la queue ; parties inférieures d'un beau jaune clair ou d'un jaune verdâtre, parfois bleuâtres sous la tête et la gorge et brunâtres vers l'extrémité de la queue. Tête et corps : 0 m. 10 à 0 m. 11 ; queue : 0 m. 16 à 0 m. 23. La coloration de cette espèce est extrêmement variable.

Variété à deux raies : Parties supérieures d'un vert brunâtre, parfois presque entièrement brunes, avec deux raies d'un blanc jaunâtre sur chaque flanc et de grandes taches noires près de ces raies.

Variété piquetée : Parties supérieures comme chez le type, mais plus ou moins marquées de points noirs souvent très rapprochés les uns des autres.

Ces variétés s'accouplent entre elles ou avec le type ; nous possédons dans notre collection une série de sujets dont les parties supérieures sont un mélange du costume des variétés et du type.

Très commun partout, le Lézard vert habite principalement les bois, les vignes, les brandes, près des haies et dans les terrains parsemés de rochers ; la variété à deux raies et la variété piquetée sont plus communes que le type vert.

Il paraît dès la fin de février ou au commencement de mars, par les journées ensoleillées. À cette époque, il ne reste que quelques heures hors de sa demeure et rentre aussitôt que la fraîcheur se fait sentir. Plus tard, lorsque le beau temps est revenu, il reste presque toute la journée dehors, par un beau soleil, chassant les Insectes de toutes sortes. Dans le tube digestif des nombreux Lézards verts que nous avons disséqués, nous avons trouvé des Sauterelles, des Hannetons, des Chenilles, des Lombrics, des Coléoptères et des Diptères de tous genres.

D'après le Dr Fatio, l'accouplement a lieu en mars ou avril. M. Collin de Plancy a eu dans ses cages deux Lézards qui s'accouplèrent le 12 juin ; la femelle pondit 11 œufs le 7 juillet.

Des femelles que nous avions en captivité pondirent en juillet ; malheureusement les mâles mangèrent les œufs.

Nous avons trouvé les œufs de cette espèce de mai en octobre, sous les pierres, dans les fissures du sol, sous les fumiers ; ceux que nous avons pris en octobre contenaient des fœtus sur le point d'éclore et ayant 60 millimètres de longueur. L'œuf a de 16 à 18 millimètres de longueur et il a une forme assez arrondie ; sa coque est d'un blanc mat, parcheminée, très résistante, souple et pliant sous la pression du doigt. Presque toujours les œufs sont libres, mais parfois ils sont pondus les uns sur les autres et forment ainsi un petit paquet. La ponte se compose ordinairement de 6 à 14 œufs ; cependant, dans une femelle de grande taille nous en avons compté 19 arrivés au tiers de leur grosseur normale.

Nous avons remarqué que les jeunes Lézards verts, pendant l'année qui suit leur naissance, vivent presque toujours par petites troupes de trois ou quatre individus. En avril, nous avons pris des jeunes, nés l'année précédente, mesurant 11 centimètres de longueur ; ils étaient d'un brun clair bronzé et un peu verdâtre en dessus et d'un jaune verdâtre en dessous. Ils sont très lents à prendre la coloration de leurs parents et ce n'est qu'à deux ans environ que leur costume est presque semblable à celui des adultes ; ils ne reproduisent que vers leur troisième année.

Aux premiers froids, le Lézard vert reste dans son trou de terre ou de rocher et y passe toute la mauvaise saison dans un engourdissement presque complet.

Pendant sa période d'activité, il est dévoré pas les Oiseaux de proie, les Vipères et aussi par quelques Couleuvres, mais son ennemi le plus redoutable est la Belette commune. Ce petit Carnivore lui fait une guerre continuelle et plusieurs fois, dans nos excursions, nous avons eu le plaisir d'assister à une bataille entre les deux bêtes. Lorsque la Belette saisit au cou un Lézard bien adulte, ce dernier est perdu ; si, ce qui arrive le plus souvent, l'agresseur mord sa victime sur une autre partie du corps, la lutte est terrible et bien souvent le Lézard fait lâcher prise à son adversaire qui recommence aussitôt l'attaque. La plus grande chance que puisse avoir le Lézard, est de laisser sur le terrain sa queue fragile ; la Belette se contente alors de ce morceau succulent et frétillant qu'elle va déguster dans le buisson voisin ou sous un tas de pierres, pendant que le mutilé regagne, clopin-clopant, le trou de terre ou le rocher dans lequel il habite.

Nous avons eu bon nombre de Lézards verts en captivité ; nous les capturions au moyen d'un fil formant nœud coulant, fixé au bout d'une baguette de deux mètres environ. Le Lézard se laisse assez facilement approcher si on a soin de ne pas laisser projeter sur lui l'ombre du corps ; on reste immobile pendant quelques instants et, tout doucement, on passe le nœud coulant au cou du Reptile ; on relève brusquement la baguette et le Lézard, pendu, s'agite violemment au bout de la perche ; il n'y a plus qu'à couper le fil et à mettre le prisonnier dans un sac. Si on le manque, et s'il s'enfuit dans son trou ou sous les cépées, on revient quelques instants après et il n'est pas rare de le retrouver à la même place. Bien souvent nous avons pris des Couleuvres et des Vipères de la même façon, car lorsqu'on surprend un de ces Ophidiens se chauffant au soleil sur une saillie de rocher, il arrive parfois qu'il conserve une immobilité absolue au lieu de se sauver. En prenant les Lézards à la main, on risque bien plus de leur briser la queue que par le moyen que nous venons d'indiquer et que nous employons avec succès.

Nous nourrissons nos captifs avec des Blattes, des Mouches et des Lombrics ; ils s'apprivoisent très vite et au bout de peu de temps nous pouvons les manier sans crainte d'être mordus ; ils viennent même prendre dans notre main les Insectes que nous leur offrons. Outre le sable légèrement humide et la mousse sèche, nous mettons toujours dans leur cage un petit récipient plein d'eau.

Pendant l'hiver, alors que nos Lézards des murailles se montrent presque chaque jour, nos Lézards verts restent enfouis dans le sable de leur cage ; pourtant ils sont placés dans une chambre où la température varie de + 5° à + 15°.

3. Lézard des souches, Lacerta stirpium - Daudin.

Lézard des souches, Lacerta agilis

Parties supérieures brunes, avec les côtés de la tête, du dos et de la queue verts, flancs d'un vert jaunâtre ; des taches noirâtres et des points blanchâtres plus ou moins allongés sur le dos, les flancs et la base de la queue. Parties inférieures jaunâtres, couvertes de points noirs. Tête et corps : 0 m. 08 ; queue : 0 m. 12 à 0 m. 14.

La femelle est brune en dessus ; en dessous, elle n'a que quelques points noirs à la gorge et sur les côtés de la poitrine et de l'abdomen.

Les jeunes sont bruns en dessus, avec une bande longitudinale moins sombre sur le haut de chaque flanc, et ont des taches foncées ayant au centre un point blanc plus ou moins allongé ; en dessous, ils sont d'un blanc jaunâtre.

Le Lézard des souches est beaucoup plus rare que le Lézard vert ; nous l'avons rencontré à Conives, près d'Argenton, et aux environs du Blanc, notamment du côté de Sauzelles ; notre ami R. Parâtre nous a donné un jeune sujet qu'il avait capturé près d'Orsennes. Il habite les taillis, les brandes, les coteaux couverts de broussailles et aime à grimper sur les buissons pour y chasser les Insectes. Il est attaqué et dévoré par les Belettes, les Couleuvres, les Pies et les Rapaces ; nous l'avons trouvé plusieurs fois dans l'intérieur des Busards Harpaye et Montagu.

Il disparaît en novembre, se cache sous terre ou dans les fentes des rochers et reparaît en mars. Il a à peu près les mêmes mœurs que l'espèce précédente.

4. — Lézard vivipare, Lacerta vivipara - Jacquin.

Lézard vivipare, Lacerta vivipara

Parties supérieures brunes ou légèrement olivâtres, marquées de noir, avec le milieu du dos, les côtés de la tête, du cou et les flancs plus sombres ; quelques traces blanchâtres et noirâtres bordent la large bande sombre qui existe parfois sur les flancs ; parties inférieures d'un blanc jaunâtre, avec des points noirs plus ou moins nombreux. Tête et corps : 0 m. 05 ; queue : 0 m. 075.

Ce Reptile ressemble beaucoup au Lézard des murailles, mais il a le museau moins allongé et la queue plus grosse et moins effilée.

Rare et localisé dans les endroits humides. Nous l'avons trouvé en Brenne dans les brandes et aux abords des marais. Il habite ordinairement des trous creusés dans les ados des fossés et il s'y réfugie lorsque quelque danger le menace ; il est souvent la proie des Hérons et des Rapaces. Nous ne l'avons pas rencontré aux environs d'Argenton.

M. Boulenger a observé ce Lézard en Belgique et a constaté qu'il paraissait dès la fin de février. D'après M. Collin de Plancy, l'accouplement a lieu de bonne heure, et en juin on trouve des femelles dont l'abdomen est fortement gonflé. En juillet et août, la femelle pond 4 à 9 œufs blancs qu'elle dépose ordinairement sous une pierre, ainsi que l'a observé M. Lataste ; les petits, noirâtres, s'échappent quelques minutes après la ponte. Le Lézard vivipare se nourrit d'Insectes et disparaît aux premiers froids.

5. — Lézard gris ou Lézard des murailles, Lacerta muralis - Duméril et Bibron.

Lézard gris, Podarcis muralis

Corps moins cylindrique que chez les espèces précédentes. Parties supérieures brunes, grisâtres ou d'un brun légèrement verdâtre ou jaunâtre, avec des taches plus sombres et parfois presque noires ; une large bande brune, bordée de blanc jaunâtre ou brunâtre, se montre sur les côtés de la tête et du corps, principalement chez les femelles. Parties inférieures d'un blanc jaunâtre, bleuâtre, rose, roussâtre ou rougeâtre souvent marqué de petites taches rousses, brunes ou noires plus ou moins nombreuses. Beaucoup de sujets ont des marques bleues sur le bas des flancs. La coloration de ce Lézard est très variable. Tête et corps : 0 m. 055 à 0 m. 060 ; queue : 0 m. 105 à 0 m. 125.

Extrêmement commun partout, dans les villes comme dans les campagnes, on trouve ce Lézard principalement sur les vieilles murailles et les rochers bien exposés, dans les fissures desquels il se loge ; il habite aussi sous les pierres et dans des trous de terre.

Il se montre ordinairement dès les premiers jours de février et rentre dans son abri après avoir passé quelques heures dans un endroit situé en plein soleil. Il reprend son activité à mesure que la température devient plus douce et circule vivement, pendant la plus grande partie de la journée, chassant les Insectes de toutes sortes. Pendant l'été, lorsque le soleil devient trop brûlant, le Lézard gris s'abrite sous les herbes ou se retire dans son trou pendant les heures les plus chaudes.

L'accouplement a lieu en avril et mai et à cette époque nous avons vu les mâles saisir, avec leurs mâchoires, les femelles à la naissance de la queue, puis, après un moment de lutte, les saisir de nouveau et brusquement sur l'échine ; si l'on conserve une immobilité absolue on peut assister à l'accouplement : le mâle recourbe son corps, approche son cloaque de celui de sa femelle, et la copulation a lieu. La ponte se fait en juin et juillet sous les fumiers ou bien dans les petites cavités du sol ; nous avons trouvé plusieurs fois les œufs de cette espèce au nombre de 3 à 7. L'œuf est blanchâtre, son enveloppe est souple, parcheminée, résistante ; il a de 13 à 15 millimètres de longueur et est moins arrondi que celui du Lézard vert. C'est en août ou septembre que les petits sortent de l'œuf ; ils prennent vite la coloration de leurs parents et leur costume est fort joli pendant le jeune âge ; ils ne reproduisent qu'à trois ans.

Nos femelles captives pondaient ordinairement en juillet, mais nous n'avons pu, malgré de grands soins, arriver à faire éclore les œufs ; l'embryon mourait alors qu'il était à peine arrivé à la moitié de son développement.

Le Lézard des murailles est dévoré par les Belettes, les Rapaces et par quelques Couleuvres. Il disparaît momentanément pendant les périodes très froides, mais reparaît aussitôt que la température est moins rigoureuse ; nous l'avons vu le 17 décembre sur des rochers bien exposés au soleil. Ce n'est que pendant les grands froids de la fin de décembre et de janvier qu'il reste tranquille au fond de sa demeure.

Nous avons souvent eu des Lézards de cette espèce en captivité. Nous les nourrissions de la même façon que nos Lézards verts ; ils s'apprivoisaient assez rapidement, mangeaient devant nous, ne montraient aucune frayeur à notre approche et ne nous mordaient presque jamais.

La queue des Lézards se brise facilement, mais elle repousse assez vite ; il se développe parfois deux bourgeons qui forment deux queues. Nous possédons un Lézard des murailles, capturé à Argenton, qui présente cette curieuse monstruosité.

 


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